Le lancement de la campagne de vulgarisation l’avant-projet de la nouvelle constitution en Guinée, présenté avec fracas, suscite des réserves grandissantes. Derrière le tumulte orchestré autour de ce document embryonnaire, des critiques acerbes se font entendre, non seulement pour dénoncer la légèreté d’une campagne qui frôle le sensationnalisme, mais aussi pour souligner un gaspillage flagrant des ressources publiques dans un processus opaque et inefficace.
Le contribuable guinéen, bien que directement concerné, demeure dans le noir le plus complet concernant les coûts astronomiques que ce projet semble impliquer. Malgré l’ampleur des dépenses engagées, le président du Conseil National de la Transition (CNT) se montre paradoxalement silencieux sur le montant exact déboursé pour financer cette campagne de sensibilisation qui semble davantage guidée par la mise en scène que par une véritable intention de consultation citoyenne. Une transparence défaillante qui jette le discrédit sur un processus supposé inclusif et démocratique.
Plus encore, la méthode de sensibilisation choisie soulève l’indignation. Dans un geste déconcertant, des élèves sont extirpés de leurs salles de classe pour participer à cette campagne, alors qu’ils ne sont ni les premiers concernés, ni les plus à même d’interpréter un texte constitutionnel complexe. Ces jeunes, instrumentalisés, deviennent des figurants dans une opération de communication qui frise l’absurde. Cette campagne, menée de manière quasi aveugle, néglige des approches plus adaptées, telles que des conférences dans les amphithéâtres universitaires ou des séances d’échanges avec des populations stratifiées. En somme, on impose un modèle de sensibilisation bruyant et invasif, sans tenir compte de la pertinence de l’audience ou de l’efficacité des méthodes.
Derrière ce tohu-bohu autour d’un avant-projet qui n’a encore de constitution que le nom, se dessine un schéma inquiétant : si la démarche se poursuit dans la même veine, les corrections et adaptations successives pourraient donner lieu à une inflation des dépenses publiques, s’additionnant à chaque étape, et ce, toujours aux frais du contribuable. Une politique de l’illusion qui laisse présager un simulacre de participation citoyenne plutôt qu’une véritable réforme constitutionnelle.
La Guinée se trouve ainsi face à une équation cruciale : poursuivre ce théâtre politique au coût exorbitant, ou refondre cette initiative pour qu’elle repose sur des bases intellectuelles solides, transparentes et respectueuses des finances publiques. Il est impératif que cette réforme constitutionnelle, si elle doit réellement servir le peuple, se déploie dans la rigueur, l’intégrité et la rationalité, loin des logiques de spectacle et de dispersion de fonds publics.
Mohamed Cissé pour avenirguinee.org