C’est un autre fait qui vient réveiller les esprits sur les violences basées sur le genre en Guinée. Une jeune femme du nom de Mariam Bobo Baldé, nourrice et mère de 3 enfants, évoluant dans le domaine culturel, dit avoir été « expressément » percutée par un libanais sur la moto pour avoir refusé ses avances. La jeune dame qui s’est retrouvée avec une fracture de sa main gauche, complètement dévisagée a, aussitôt, été transportée dans un centre hospitalier le plus proche.
Quant à son bourreau, à l’en croire, celui-ci a été pourchassé par des jeunes motards mais en vain.
48 heures après cet acte de violence, la victime a porté plainte à l’office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs. Ce service, après indication, a identifié le bourreau de Miss Bobo. Notre interlocutrice confie que ce dernier a été relâché alors que le droit n’est pas encore dit dans cette affaire.
La rédaction d’avenirguinee.net a pu interroger la victime, Mariama Bobo Baldé, ce mercredi à son domicile. De son lit de malade, la jeune dame nous a raconté sa mésaventure qui relance le débat sur les violences basées sur le genre.
Il a répliqué que je suis belle, de lui passer mon numéro. Je lui ai demandé comment fait-il pour demander le numéro de quelqu’un qu’il vient de voir. Je lui ai dit de me laisser tranquille.
« Mardi surpassé, c’est un libanais qui m’a vue sur une moto, qui est venu me demander de m’arrêter. Je lui ai demandé pourquoi devrais-je m’arrêter. Il a répliqué que je suis belle, de lui passer mon numéro. Je lui ai demandé comment fait-il pour demander le numéro de quelqu’un qu’il vient de voir. Je lui ai dit de me laisser tranquille. Mais, il était sur une moto plus grande… Il est allé un peu en avant mais, mon motard a réussi à le dévier. Il nous a encore rattrapé et insisté que je lui passe mon numéro en me disant qu’il est très riche et qu’il est prêt à faire tout ce que je veux. Je lui ai dit de me laisser tranquille parce que je n’ai pas besoin de son argent. Il est allé un peu plus en avant et a sorti sa langue. Chez nous, cela est une injure. Donc, j’ai aussi répliqué en faisant un signe du doigt. Ce qui ne lui a plus plu; il a cascadé sa moto et est venu expressément nous percuter. Comme pour dire que je n’ai pas accepté ses avancés donc, il préfère me tuer. Le motard et moi sommes tombés et lui, il a continué son chemin. C’était à 16 heures.
Des jeunes du quartier Chicago l’ont pourchassé sur leurs motos mais malheureusement, ils ne l’ont pas rattrapé parce qu’il a une puissante moto. Ils (ces jeunes) sont revenus nous chercher pour nous conduire dans une clinique, la plus proche parce que je saignais.
Sous l’effet des produits, j’ai crié en disant que le libanais m’a tuée. Heureusement, comme j’avais encore mon téléphone, le médecin a appelé le dernier numéro que j’ai joint pour l’informer que j’ai subi un accident.
Je remercie d’ailleurs le médecin qui s’est occupé de moi puisque de 16h à 19 heures, j’étais inconsciente. Il s’est d’abord occupé à moi sans parler d’argent. Quelque temps après, j’ai sursauté de mon lit d’hôpital. Sous l’effet des produits, j’ai crié en disant que le libanais m’a tuée. Heureusement, comme j’avais encore mon téléphone, le médecin a appelé le dernier numéro que j’ai joint pour l’informer que j’ai subi un accident. Ce dernier (mon ami) s’est précipité pour me rejoindre. Cela a trouvé que les jeunes ont pu identifier le garage du frère du libanais. Ils sont allés dans l’intention d’incendier l’endroit, il y a eu émeute. Une dame est venue me trouver à l’hôpital pour me dire qu’elle croyait que j’étais morte. Elle a demandé si je voulais prendre quelque chose (aliment), j’ai dit non. Elle est allée chercher du jus pour moi, je la remercie vivement pour cela.
Quand les jeunes ont repéré le garage de son frère (Madina-Corniche), c’est un noir qui est venu à l’hôpital après les émeutes avec les jeunes, pour dire que c’est lui qui représente le libanais. C’est un certain M. Bangoura, qu’il fera tout ce qu’il faut. Le médecin m’a demandé si j’avais mal par endroit, je lui ai dit que je ne sentais rien parce que je n’avais pas la mobilité des membres supérieurs et inférieurs. On m’a fait des sutures et une perfusion alors que j’étais inconsciente », explique-t-elle.
Et de poursuivre, « l’accident s’est produit le mardi et j’ai informé mon mari le mercredi matin. Ce dernier est revenu de Labé où il travaille, puis s’est occupé de mon traitement. Le jeudi, nous sommes allés porter plainte à l’office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs. Mon mari a voulu qu’on se fie à la loi en démarchant tel que prescrit.
J’ai des blessures sur le visage et des sutures par endroit, ma main gauche fracturée, celle de droite déboîtée, j’ai des blessures sur mes deux pieds et mon cou aussi est touché. Je n’arrive même pas à prendre de mon enfant, il se trouve avec ma mère maintenant
A l’OPROGEM, j’ai indiqué le garage de la famille du libanais et ils ont amené des agents dans un pick-up. Ils ont arrêté tous ceux qui étaient là-bas. Quand ils sont revenus, j’ai pu identifier le libanais…ils nous ont dit que le libanais leur a dit que c’est un accident et que c’est notre moto qui a percuté le sien. Heureusement, j’ai demandé à ce qu’on fasse venir le motard que j’avais déplacé pour témoigner. Malgré leur manœuvre qu’a détesté le responsable du dossier, le médecin qui nous a traités nous a transmis le contact du jeune. Ce dernier, au téléphone, a confirmé au commissaire que c’est le libanais qui nous a percutés. C’était sur haut-parleur. Mon mari a demandé la suite, ils nous ont demandé de rentrer à la maison et de revenir le lendemain. Qu’ils allaient donner les documents à la police routière pour qu’elle réalise le constat. Ensuite, ils vont transférer les documents. J’ai des blessures sur le visage et des sutures par endroit, ma main gauche fracturée, celle de droite déboîtée, j’ai des blessures sur mes deux pieds et mon cou aussi est touché. Je n’arrive même pas à prendre de mon enfant, il se trouve avec ma mère maintenant ».
Il y a beaucoup de jeunes filles qui ont été tuées dans des circonstances du genre mais, comme moi je vis encore, je demande à Rousseau de m’aider pour que justice soit rendue dans cette affaire
Plus loin, elle indique qu’elle ne lâchera pas l’affaire qui vient allonger la liste des victimes des violences basées sur le genre en Guinée.
« Je compte poursuivre l’affaire et pour cela, j’appelle tous les guinéens à me venir en aide. Mon avocat m’a fait savoir qu’ils n’ont pas retrouvé le libanais parce qu’ils l’ont relâché après notre départ de l’OPROGEM. Nous comptons aller à la justice pour la suite.
Il y a beaucoup de jeunes filles qui ont été tuées dans des circonstances du genre mais, comme moi je vis encore, je demande à Rousseau de m’aider pour que justice soit rendue dans cette affaire », a-t-elle lancé.
Marginalisation, séquestration, viol, harcèlement, ce sont entre autres le quotidien de la couche féminine guinéenne. Ce, malgré les multiples efforts des ONGs qui luttent contre les violences basées sur le genre en Guinée.
A suivre…
Les deux Ibrahima Sory pour avenirguinee.net
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