Dans la matinée de ce jeudi, des jeunes du quartier Gbessia Cité de l’air, dans la commune de Matoto, sont sortis protester contre l’arrestation de leur leader par des services de sécurité. Ces manifestants accusent le maire de la commune et le chef de leur quartier d’avoir vendu leur terrain de football au profit de la construction d’une usine de raffinerie par l’État. Ainsi, le leader de la contestation a été mis aux arrêts après des actes de vandalisme enregistrés sur le site.
« Hier, mon frère a dit aux femmes de sortir manifester parce qu’ils ont creusé 5 forages qui ont fait tarir tous les puits du quartier. Donc, actuellement il n’y a pas d’eau dans les puits. Il les a appelées à sortir manifester afin d’interpeller l’État sur la situation. C’est à 4h du matin que les militaires sont venus casser sa porte et le prendre pour une destination inconnue. Ils ont pris ses téléphones qu’il vend, des sommes d’argent, ses habits et sa moto. C’est pourquoi les jeunes du quartier sont sortis pour protester afin qu’il soit libéré. Mais, c’est le maire qui est à la base » accuse la jeune sœur du leader arrêté.
Également accusé par les jeunes, le chef du quartier, El hadj Saidou Millimono clame son innocence en ces termes : » les arrestations de la gendarmerie, si c’est dans la journée, ils nous envoient des convocations contre les citoyens. Par contre, à 4h du matin, je ne sais pas ce que le jeune a fait, je ne sais pas pourquoi on l’a arrêté… je dis que je ne peux pas me rendre là-bas », dit le responsable du quartier qui confie d’ailleurs avoir été lui-aussi objet d’attaque par des jeunes en colère.
« À 6h du matin, je les ai vus chez moi avec des cailloux, des gourdins, des bouteilles de vin pour tenter de casser mon portail en criant » chef de quartier zéro « . Les voisins sont sortis pour les repousser. Maintenant, ils ont mis un barrage au niveau de la Mosquée et ont bloqué la circulation aux gens parce qu’ ils revendiquent le terrain. Mais, le terrain qu’on connaît ici, c’est le terrain de Sans Fils, et c’est le gouvernement qui a mis main sur ce terrain. Ils sont en train de faire la clôture pour la construction d’une usine de raffinerie « .
Interrogé par avenirguinee.org, le maire de la commune de Matoto a balayé d’un revers de la main gauche toutes ses accusations.
» Laissez moi d’abord vous dire que c’est une allégation mensongère. Comment un maire et son chef de quartier peuvent vendre un domaine de plus de 4 hectares situé en plein centre de la ville de Conakry pour une usine de raffinerie, pour cause d’utilité publique ? s’interroge-t-il.
Donc, poursuit-il, » vous comprendrez comme moi que c’est une incohérence. Ce n’est pas leur terrain de football, mais plutôt c’est un domaine de l’Agence Nationale de Navigation Aérienne. Donc, ce n’est pas leur domaine, c’est un site qui a un titre foncier au compte de l’ANNA. C’est le ministère des mines à travers l’initiative du président de la transition colonel Mamadi Doumbouya qui l’a recupéré pour doter de la Guinée pour la première fois d’une usine de raffinerie », ajoute-t-il.
Sur l’arrestation du jeune leader dont il est reproché d’avoir commanditée, le maire dit tout simplement avoir joué son rôle. À l’en croire, toutes ses démarches pour faire fléchir les jeunes contestataires sont restées vaines.
» J’ai été informé qu’il y a une usine qui doit être construite à la Cité de l’Air. En ma qualité de premier responsable de la commune, j’ai interpellé les jeunes pour les sensibiliser. Et cela pas une fois ni deux fois. J’ai été dans le quartier et j’ai tenu une grande rencontre avec les jeunes, après on a tenu des échanges au niveau de la mairie. Tout cela c’était pour les demander de chercher un site dans le quartier ou dans la périphérie afin qu’on puisse aménager pour eux. Et, cette initiative a été donnée par le ministre des mines. Donc, à mon fort étonnement, alors que j’attends leur réponse, j’apprends que les jeunes se sont retrouvés pour une réunion afin de venir s’attaquer pour une 2ème fois aux installations de la société qui est en train de faire la clôture. Et pourtant, vous le savez comme moi, pour des questions de transparence de ce projet, le président de la transition a pris le décret pour un appel d’offres international. Donc, si les jeunes, après toutes les sensibilisations n’arrivent pas à comprendre et qu’ils se préparaient pour venir vandaliser, en tant que premier responsable, mon rôle c’est d’interpeller les services de sécurité afin qu’ils prennent leur disposition pour éviter le pire », laisse entendre Mamadouba Tos Camara.
À suivre…
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
621269981