Sakouvogui Jean Kpate, un rescapé du régime militaire guinéen, raconte son évasion des forces de l’ordre lors d’une manifestation politique à Conakry. Grâce à son réseau et à son courage, il a réussi à fuir la Guinée pour sauver sa vie. Dans une interview, Sakouvogui partage les détails de son périlleux parcours. Réaction…
Merci, monsieur le journaliste. Je m’appelle Sakouvogui Jean Kpate, né à Macenta, au sud de la Guinée, le 12 décembre 1996. J’ai rejoint les États-Unis pour échapper aux arrestations arbitraires et à la violence meurtrière en Guinée. Ma vie et celle de mes enfants ont été mises en danger par les actions du gouvernement guinéen dirigé par Mamady Doumbouya, qui cible et arrête des innocents, entraînant parfois leur décès en détention.
En 2022, j’ai été arrêté alors que je participais à une manifestation pacifique avec mon ami Ibrahima Moussa. La police a encerclé les lieux et procédé à de nombreuses arrestations. Mon ami Ibrahima a été abattu par les forces de l’ordre, simplement parce qu’il se trouvait en première ligne. J’ai tenté de fuir, mais j’ai été capturé. Ils ont pris mon portefeuille et ma carte de visite avant de nous embarquer.
Cependant, en raison du grand nombre de détenus, le fourgon de police est tombé en panne, et nous avons profité de l’occasion pour nous échapper. La police a ensuite poursuivi ses recherches dans notre communauté. Quelques jours plus tard, ils ont intensifié leurs efforts pour nous retrouver, moi et d’autres manifestants en fuite.
Avez-vous été de nouveau capturé par la police ?
Oui, le gouvernement avait ordonné à la police de pourchasser tous les manifestants. Ils sont venus armés, détruisant des propriétés et s’en prenant aux femmes et aux enfants, tout en arrêtant les hommes. J’ai alors emmené mes enfants chez leur grand-mère à Macenta pour leur sécurité. Mais la police continuait de me traquer, utilisant ma carte de visite pour localiser ma position. En tentant de me rendre à Sinko, j’ai été intercepté et battu, puis détenu pendant cinq jours avant de m’évader.
Grâce à un ami, j’ai envisagé de fuir vers la Guinée-Bissau ou Bamako, mais j’ai appris que les forces de l’ordre locales collaboraient avec la police guinéenne. Mon ami m’a alors présenté à son frère, qui m’a aidé à planifier mon évasion. Ils m’ont parlé de l’Amérique comme d’un lieu sûr, à l’abri des persécutions policières.
Avez-vous pu quitter la Guinée ?
Oui, j’ai finalement quitté la Guinée et atteint les États-Unis en octobre 2023. Depuis mon arrivée ici, je vis dans la liberté et la paix, libéré de la peur constante.
Que demandez-vous au gouvernement américain ?
Je souhaite rester aux États-Unis pour garantir la sécurité de mes enfants, restés cachés en Guinée. Je crains que le gouvernement et la police guinéenne ne me poursuivent si je suis renvoyé. Je sollicite donc l’asile auprès du Bureau exécutif de révision de l’immigration (EOIR) pour que ma vie ne soit pas en danger.
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