Dans un décret rendu public ce week-end, le président de la transition a interdit la fabrication, l’importation, l’utilisation et la commercialisation des emballages et objets à usage unique en Guinée. Ce décret vise à promouvoir la salubrité publique, à encourager les emballages biodégradables comme alternatives aux plastiques, à préserver les infrastructures d’assainissement, à améliorer le bien-être et la santé des populations et des animaux, et à lutter contre la pollution.
Cette décision a été accueillie avec satisfaction par les acteurs de l’environnement. Dans un entretien accordé à un de nos reporters ce lundi, M. Sory Camara, président de la Fédération des Gestionnaires des Déchets en Guinée (FEGEDEG), a exprimé sa gratitude envers le gouvernement.
« Nous, membres de la FEGEDEG, saluons les efforts du gouvernement et le remercions pour ce décret du 21 septembre 2024 interdisant la fabrication, l’importation, l’utilisation et la commercialisation des emballages et objets en plastique à usage unique en Guinée.
Cette décision est le résultat de plusieurs années d’information, de sensibilisation, de plaidoyers et de collaboration entre divers acteurs, notamment le secteur public, le secteur privé, les collectivités locales, les ONG, la société civile, ainsi que des institutions nationales et internationales », a déclaré M. Camara.
Concernant les conséquences néfastes des plastiques, cet expert en environnement a informé que plus de 300 tonnes de déchets plastiques sont produites chaque jour.
« Cette décision intervient dans un contexte où plus de 300 tonnes de déchets plastiques sont générées quotidiennement dans le grand Conakry, sans compter les contributions des industries et des mines. Le taux de collecte et de valorisation de ces déchets reste inférieur à 10%, malgré les efforts du gouvernement et la présence de plus de 1600 collecteurs de déchets plastiques au niveau national. Les déchets non collectés polluent les milieux marins et terrestres.
Ces emballages plastiques à usage unique, ainsi que d’autres types de déchets, s’accumulent dans le sol, contribuant au réchauffement climatique et à la dégradation des terres agricoles, ce qui réduit les rendements. De plus, ces plastiques se transforment progressivement en micro et nanoplastiques, s’infiltrant dans la chaîne alimentaire et menaçant la santé publique. La FEGEDEG a identifié plus de 20 maladies directement ou indirectement liées à la mauvaise gestion des déchets plastiques », a-t-il expliqué.
Lors de l’entretien, M. Camara a également lancé un appel au gouvernement guinéen pour établir un plan opérationnel en lien avec ce décret.
« Aujourd’hui, la FEGEDEG est encouragée par cette première étape. La Guinée devient ainsi le 36ème pays africain à adopter une législation sur les emballages plastiques à usage unique.
Cependant, la FEGEDEG exhorte le gouvernement à élaborer un plan opérationnel pour ce décret. De nombreux pays africains ont adopté des décrets similaires, mais rencontrent des difficultés dans leur application effective pour diverses raisons politiques, techniques, logistiques, financières et opérationnelles. Même les pays les plus avancés luttent encore pour une application stricte de leur législation. En Guinée, nous avons de nombreux textes pertinents, mais leur mise en œuvre reste insuffisante », a affirmé Sory Camara.
Il a également souligné la nécessité de créer un tribunal de l’environnement pour traiter les infractions et délits environnementaux liés aux déchets plastiques, afin de garantir l’application de tous les textes sur la protection de l’environnement.
« La FEGEDEG accompagnera les efforts du gouvernement et consolidera les acquis de la Guinée et des autres pays pour mieux gérer les déchets plastiques et proposer des alternatives aux emballages plastiques à usage unique », a-t-il martelé.
Pour assurer l’application effective de ce décret, le gouvernement accorde aux commerçants une période de grâce de six mois pour se débarrasser progressivement des plastiques.
Abdoul Karim Touré, pour avenirguinee.org
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