28 septembre 2022-28 septembre 2023, cela fait un an ce jeudi, jour pour jour depuis que le procès des massacres de 2009 a démarré. Un procès que toute la population Guinéenne attendait avec impatience, afin que les coupables viennent s’expliquer sur cet événement douloureux qui a fait plus de 150 morts, des femmes violées et des disparus.
Interrogé, Dr Ben Youssouf Keïta, l’un des participants et victime de ce massacre, est revenu sur cette journée inoubliable.
<< Le 28 septembre 2009, il y a eu un horrible massacre, j’ai été témoin oculaire et j’ai été une victime ; j’ai vu les jeunes gens à la fleur de l’âge froidement abattu comme des mouches par centaines. Des jeunes, femmes, vieux poignardés pour la simple raison qu’ils ont manifesté pacifiquement leur désir de démocratie, alors il y a pire que cela : Il y a eu les viols des femmes, c’est un crime contre l’humanité. Donc, le 28 septembre 2009 est une triste journée. Nous avons surtout assisté à la disparition de beaucoup de nos compatriotes dont on ne connaît pas les sépultures. Est-ce que ces compatriotes ont été jetés à la mer ? Est-ce qu’ils ont été jetés dans les fosses communes ? Ce qui fait que les familles jusqu’à présent ne réussissent pas à faire le deuil et là c’est une mort à petit feu », dit l’homme politique.
Poursuivant, ce médecin s’est réjoui du démarrage de ce procès dont plusieurs victimes ont témoigné y compris lui. Selon Ben Youssouf, ce procès lui donne espoir. Ainsi, il encourage le CNRD à continuer sur cette voie jusqu’à la fin du procès.
<< Cela fait effectivement un an que le procès a commencé en 2022, nous sommes en 2023, plusieurs témoins sont passés dont moi-même. Vraiment ça se passe dans la sérénité absolue avec des professionnels… c’est quelque part redonner le blason de la justice guinéenne et ça nous donne espoir. La manière dont le procès a commencé, ça nous donne espoir… ».
Plus loin, il estime qu’il faut que « les guinéens tirent une leçon surtout nous les politiques et ceux qui dirigent. Quand vous commettez un crime, un jour vous vous rendrez compte que le crime de masse est imprescriptible. La preuve, ceux qui ont commis les massacres du 28 septembre 2009, que ce soit des ordonnateurs ou les exécutants, sont aujourd’hui devant la barre. Ils ont été forts à un moment mais, il n’y a que le pouvoir de Dieu qui est éternel. Aujourd’hui, ils sont en train de rendre compte. Ceux qui nous dirigent aujourd’hui doivent savoir qu’ils ne doivent pas commettre de crime, parce qu’un jour ils seront rattrapés. Pour ne pas que cela arrive, il faut que chacun tire les leçons et que nous disions tous ensemble plus jamais le massacre similaire au 28 septembre 2009 en Guinée. Et, à la fin du procès, que les coupables condamnés à la hauteur de leur forfaiture et présentent les excuses, et que les innocents soient libérés. Nous disons il ne faut condamner aucun innocent mais, il ne faut échapper aucun coupable », a fait savoir Dr Ben.
Pour finir, il lance un appel à l’endroit des victimes de ces massacres du 28 septembre 2009 en ces termes : « C’était le prix à payer pour la démocratie, nous nous sommes sacrifiés pour cette démocratie, nous voulons qu’elle ne s’éteigne pas. Nous voulons comprendre comment et pourquoi ce massacre a été planifié et exécuté pour que nous acceptions de pardonner sans jamais oublier. Ceux qui réclament dédommagement sont dédommagés. Moi, personnellement je ne réclame aucun dédommagement parce que j’ai été en âme et conscience que j’étais un responsable de ceux qui ont encouragé la population à sortir. À partir du moment où je ne peux pas ramener les compatriotes qui sont morts, et je ne peux pas ramener les disparus, je ne peux prétendre à avoir aucun dédommagement ni matériel, ni financier. Je veux tout simplement une réparation morale, c’est la reconnaissance par les coupables de leur tort, qu’ils présentent des excuses ».
Bintou Camara pour avenirguinee.org
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