Entre la junte militaire et des organisations sociopolitiques, le divorce semble être consommé. Applaudi pour voir libéré la Guinée du troisième mandat d’Alpha Condé, et au regard des déclarations plutôt rassurantes tenues par le colonel Mamadi Doumbouya, la conduite de la transition par le CNRD est vivement dénoncée après plus d’une année de gestion. Ce n’est pas tout, l’interdiction des manifestations politiques, l’arrestation puis libération des activistes de la société civile sans procès, la restriction des libertés notamment la coupure de l’internet…, viennent en rajouter à la colère des organisations sociopolitiques.
Dans sa dernière déclaration tenue ce weekend, Le Forum des Forces Sociales de Guinée ( FFSG), une organisation membre des Forces Vives de la Nation regrette de » constater la corruption et la trahison des valeurs par des civils placés aux affaires dans la conduite de la transition avec le seul but de préserver des privilèges illégitimes et le silence coupable des acteurs sociopolitiques (osc, média, partis politiques, syndicats, diaspora…) qui ont fait le choix d’être dans la gestion des affaires pendant cette Transition en dépit de la récurrence des abus et violations de droits de l’Homme ».
La structure dirigée par l’activiste Abdoul Sacko mentionne plusieurs violations des libertés des citoyens guinéens en cette période transitoire.
l’interdiction systématique de l’exercice des libertés publiques, notamment, celles de manifester pacifiquement alors que la charte de la transition les consacre avec la mention qu’aucune exception ne justifierait leur violation;
le déploiement, contre des pauvres citoyens sans défense, des élites de l’armée dans le maintien d’ordre avec des armes lourdes destinées à la guerre contre des envahisseurs étrangers ou une rébellion armée;
la répression des manifestations avec le recours à des contre-manifestants appuyés par les FDS, entrainant des blessés graves et des pertes en vies humaines, sans justice pour les victimes;
des actes de musèlement des médias accompagnés de violences, de sabotages de fréquences, de cambriolage sur des installations de radios et des coupures d’internet ;
la violation des conventions antérieures de partenariat ou de services avec des entités privées nationales et étrangères, ainsi que des emprunts et contrats nouveaux d’envergures sans transparence, ni respect des procédures, dans un contexte d’illégitimité absolue;
le mauvais casting dans les nominations ou recrutement dans les organes de la transition et au sein de l’administration publique, avec des inquiétudes soulevées sur les critères au dernier recrutement dans l’armée sans aucune communication d’éclaircissement;
des discours va-t’en guerre émis par des personnages détenteurs de pouvoir, sensés travailler au rassemblement des Guinéens et à la stabilité sociopolitique et économique pendant cette transition ».
Regrettant « la réquisition de l’armée dans le maintien d’ordre, à l’initiative des maires, sans fondement réel, ni base légale et, sachant bien la terreur que cela entraine chez les populations », les FFSG ne digèrent pas le silence des représentants de toutes les structures au CNT, un organe législatif jouant le rôle de parlement dans un pouvoir normal.
» Ce qui est le plus regrettable, injustifiable et préjudiciable c’est l’accommodation cynique des membres issus (des OSC, des média, des partis politiques,…) au sein du CNT, devant ces faits anti progrès et déshumanisants, lorsqu’on sait qu’en plus de leur rôle d’organe législatif, ils doivent veiller à la conformité de l’action gouvernementale avec les lois et conventions, sans oublier le déshonneur que ce genre d’attitude apportera à leurs entités d’origines dans leur quête de bien être pour les populations ».
Fodé Camara pour avenirguinee.org