Tribune : Pendant que toutes les chancelleries félicitent la Guinée et son leader charismatique, le Colonel Mamadi Doumbouya, après le « compromis dynamique » trouvé avec la mission technique conjointe CEDEAO- GUINEE, certains pour ne pas dire les mêmes reprennent leur sport favori : semer le doute dans les esprits des Guinéens par des messages subversifs.
Il est évident que cet accord technique après plusieurs jours de travaux sérieux et acharné vient couper l’herbe sous les pieds « des businessmen de la crise ». Mis aux abois, et vider leur fonds de commerce, les voilà qui tentent d’opposer par des analyses délibérément biaisées le contenu pourtant clair du rapport de la CEDEAO à la déclaration cohérente du Président de la transition.
Disons-le de go. L’examen des différents points de l’accord et l’analyse lucide et froide de la déclaration du Président de la Transition révèlent un certain nombre de faits concordants qui démontrent qu’il n’y a aucune ambiguïté de vue entre Conakry et Abuja sur le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée. L’institution sous régionale et la Guinée sont sur la même longueur d’ordre et partagent la même ambition pour notre pays : une transition apaisée et inclusive.
La Guinée de façon souveraine a invité la CEDEAO à un dialogue ouvert sur son chronogramme. Cette demande a été formulée en septembre dernier par le Premier ministre auprès du Président de la Commission et le Facilitateur de la CEDEAO en marge des travaux de l’Assemblée générale des Nations unies à Ney York.
Dans le dialogue avec l’organisation sous régionale, le Chef du Gouvernement Dr Bernard Goumou, traduisant l’esprit du CNRD et de son Président, le Colonel Mamadi Doumbouya, a toujours soutenu que la Guinée n’était pas figée sur la durée de la Transition préalablement annoncée par les autorités. Pour Dr Goumou, le plus important était « le contenu des étapes du chronogramme ». Les experts de la CEDEAO se sont retrouvés avec les techniciens Guinéens pour examiner la possibilité technique d’exécuter scrupuleusement le contenu de l’agenda proposé en moins de 36 mois et parvenir à un résultat qui s’imposera aux deux parties.
« Au termes des travaux, dans un compromis dynamique, les experts de la CEDEAO et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la Transition étalé sur 24 mois couvrant les (10) points » du chronogramme, indique le point 5 du rapport de la mission technique de la CEDEAO.
Contrairement aux propos des commentateurs déboussolés et isolés par cet accord sur lequel aucun d’eux n’avait parié, ce n’est sous aucune menace que la Guinée et la CEDEAO sont parvenues à « un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois ».
En effet, il est de la responsabilité d’un Chef du Gouvernement de porter des initiatives pour rapprocher des positions qui semblaient éloignées, mais qui en réalité tenaient plus à des incompréhensions et qu’à la nature viciée de certaines communications.
Dr Bernard Goumou, toujours égal à lui-même dans son caractère d’affronter les problèmes pour trouver les solutions idoines, a franchi le pas. Il a su repéré le point d’achoppement et rétabli le pont technique entre la Guinée et la CEDEAO. Chapeau au Gouvernement !
Le retour à l’ordre constitutionnel va donc obéir au chronogramme présenté au peuple de Guinée et à la Communauté internationale. Le processus commence par le recensement général de la population et de l’habitat et se termine par l’organisation de l’élection présidentielle.
Dans la mise en œuvre de ce chronogramme de 24 mois, les autorités de la transition ont demandé à la CEDEAO « de bien vouloir engager un plaidoyer, conjointement avec elles, auprès des partenaires techniques et financiers pour la mobilisation des ressources matérielles, financières et techniques nécessaires pour la réussite de la Transition », stipule le point 7 du rapport conjoint. Ne devrait-on pas s’en réjouir lorsqu’on sait que la question de l’accompagnement de la communauté internationale a toujours été au cœur du processus électoral ?
Conformément aux pratiques diplomatiques de la CEDEAO, le rapport de la mission technique à Conakry sera soumis à l’approbation des chefs d’États et de Gouvernement de l’institution en décembre prochain.
Alors, quel mal y-a-t-il à annoncer que ce chronogramme consensuel entrera en vigueur aussitôt après ? En sa qualité de Chef visionnaire, le Président de la Transition ne vient-il pas ainsi de fixer le cap et de mobiliser les parties prenantes pour une mise en œuvre scrupuleuse de ce chronogramme ?
La mise en œuvre du chronogramme conjoint de la Guinée et de la CEDEAO ne peut démarrer au meilleur des cas qu’à partir du 1er janvier. Le point 9 du rapport conjoint de la mission technique recommande clairement au Médiateur de la CEDEAO de présenter le chronogramme « pour son approbation afin de déclencher sa mise en œuvre ».
L’annonce du Chef de l’État démontre encore une fois que le CNRD et son Président n’ont aucune intention de s’éterniser au pouvoir, eux qui n’ont ni candidat, ni intention de participer aux prochaines élections.
D’ailleurs, l’entrée en vigueur du chronogramme après l’examen de la CEDEAO n’est pas une exception guinéenne. Il en a été ainsi avec les autres Transitions dans la Sous-région : le Mali et le Burkina Faso.
Ainsi, la Transition ouverte le 5 septembre 2021, entrera à partir du mois de janvier prochain dans une nouvelle phase du processus de rectification institutionnelle et de refondation de l’État. Le décompte de la mise en œuvre des 10 points du chronogramme sera ainsi lancé pour un retour programmé à l’ordre constitutionnel. Un comité de suivi et évaluation s’assurera du respect de la feuille de route.
Les Guinéens sont donc invités à mettre à profit ce timing concerté pour se projeter vers l’essentiel : contribuer le mieux que possible aux côtés du CNRD et du Gouvernement à la construction d’une Guinée apaisée, harmonieuse et prospère.
Maintenant que la question cruciale de la durée de la Transition est évacuée, la classe politique et la société civile, elles, ne doivent plus se faire prier pour se retrouver autour de la table du dialogue inclusif. Pour une meilleure gouvernance démocratique, toutes les parties prenantes au cadre du dialogue doivent participer à répondre à des questions fondamentales : quel type de constitution ? Quel organe de gestion des élections ? Quel nouveau découpage électoral et comment mobiliser les ressources ? Etc.
C’est à ces débats que le pays et les analystes socio-politiques doivent à présents se tourner.
Par Antoine Sangaré, analyste sociopolitique