Ils ont été nombreux à applaudir la junte du 5 septembre, à cause des vices qu’a enregistré le gouvernement déchu comme évoquer dans son adresse dont la corruption, la gabegie financière, la politisation à outrance de l’administration etc. et essentiellement, parce que la junte aurait promis de mettre fin au cauchemar du guinéen.
La coïncidence de ces situations a ainsi incité une large foule à soutenir les putschistes. C’est donc naturel pour les responsables d’une telle entreprise, aux manettes du pays, de créer le Conseil National de Rassemblement et de Développement (CNRD). Mieux encore, ils se sont fixés pour objectif de « refonder la nation », noble objectif en soi.
Il est regrettable de constater qu’après approximativement deux ans de transition, que tout a changé, mais rien ne bouge et rien ne s’améliore. Cette instabilité politique que vit la Guinée montre les lacunes, les limites de ce gouvernement transitoire.
A un instant, j’ai cru que La république devait être la seule chose qui divise le moins ce gouvernement mais hélas, l’égo, le surestime, l’amateurisme règnent. Seul Dieu sait combien de larmes avons-nous versé ces derniers temps, et d’autres larmes viendront avec ce gouvernement de surprise.
La dissolution du gouvernement par décret, est une décision audacieuse, certes, mais est-ce la bonne ? Il y’a des raisons de douter, d’avoir peur. Elle révèle la vraie nature d’une transition, celle de l’incertitude !! En quoi peut-on dissoudre un gouvernement ? Pour quel motif ? En quoi l’embrouille de quelques départements peut conduire à une telle décision ? La responsabilité d’un chef est de servir son peuple, de lui rendre des comptes etc. et non de lui dominer, ni de lui tromper.
Cet acte présidentiel est tranchant et tape tout le monde avec le même bâton. Il serait clair qu’ils (ministres) auraient commis la même faute, peut-être ou peut-être pas !! Au-delà de cette perception, il ne faut tout de même pas omettre le remaniement du gouvernement qui a été un secret de polichinelle jusque-là. Encore plus, c’est le moment de libérer le navire de certains cadres. Tout de même, rien n’est assez surprenant !!
Nous avons juste crû rapidement cette transition et nous avons vite consommé ce mariage en oubliant la fragilité du lien qui nous unissait aux militaires. Les promesses n’étaient pas étranges à nous, nous avons cru au chaos sans eux. En un laps de temps, tout est monté crescendo et les frustrations s’amplifient (le prix des denrées alimentaire, la restriction des libertés, le musèlement des médias, la crise de carburant, etc.).
La réussite d’une transition ne peut être perçu à l’aune de ces débuts, certes, mais l’attitude prétentieuse de ces militaires faisait craindre le pire : en attaquant de tous les fronts, tous les fléaux du pays. Ce comportement épuise avant l’objectif. Auraient-ils dissimulé leur jeu ? bien évidemment ! Mais comme disent les sages « chassez le naturel, il revient au galop… ». La situation est de plus en plus inquiétante car, tout porte à croire que la junte ne maitrise ni le pouvoir, ni les événements. Curieusement, la transition n’est-t-elle pas en train de reproduire le schéma de gouvernance clanique, la gabegie financière et j’en passe, bref, « les erreurs du passé » qui était reproché au PRAC ? Ainsi, je lance un appel au gouvernement de la transition et en particulier le Général de corps d’armée Mamadi DOUMBOUYA, de faire le président, de gouverner au lieu de régner car, tout porte à croire que l’homme du 5 septembre est en train de devenir otage du système qu’il a voulu faire tomber ; en prenant le chemin des élections et en s’assurant du bon déroulement de ce processus, il aura fait son job de militaire et de citoyen.
Le guinéen observe le silence par la force de vos armes car personnes ne veut risquer sa peau, malgré que son moral soit à zéro, ronger par la pauvreté et les multiples restrictions, il ne renonce pas à sa liberté et n’a jamais laissé sa combativité.
Le volcan en état de sommeil perturbé, il pourra rentrer en irruption à tout moment, prenez garde ! Afin de parvenir à une finalité apaisante, mettre fin à ce cercle vicieux, j’invite le peuple de Guinée à se lever d’un homme et prendre sa responsabilité. Celle de dire NON ! ÇA SUFFIT !!
Mamady Fanta OULARE, analyste politique…