Au Burkina Faso, les autorités de la transition ont décidé d’instaurer le port obligatoire des tenues traditionnelles dans les écoles. La démarche de la junte vise à valoriser les produits locaux.
En Guinée, la présidente fondatrice de l’ONG « Culture et Fierté Guinéenne » salue cette initiative des autorités burkinabè. Pour Hawa Bintina Soumah, celles de Conakry doivent prendre la même décision mais pas dans l’imédiat.
<< C’est une excellente décision qui est à saluer. Nous qui faisons la promotion de nos produits locaux, nous avons salué la décision à l’unanimité. Je crois que les autorités guinéennes doivent prendre la même décision mais pas dans l’immédiat, parce qu’il y a un préalable à tout. La Guinée n’est pas encore prête », dit-elle.
Poursuivant, » à l’heure où nous sommes, le problème de demande et d’offre va se coincer, les artisans ne peuvent pas répondre à cette demande, c’est impossible dans le cas guinéen actuellement. Nous nous battons pour que le gouvernement guinéen pense à implanter les usines de fabrication des textiles en Guinée. Une usine dans chaque région naturelle où une grande usine à Conakry où à l’intérieur du pays, parce que nos tisserands travaillent dans des conditions difficiles>>, reconnaît Hawa Bintima Soumah.
Cette promotrice du textile guinéen estime que l’instauration des pagnes traditionnels dans les écoles n’est pas une chose aisée. Pour faire comme le Burkina Faso, il y a des problèmes à résoudre.
<< C’est bien beau de faire comme les autres. Si on est pas préparé, ce n’est pas bon. Nos Kindelis, les motifs sont généralement appliqués sur des tissus qui viennent d’ailleurs. Si le gouvernement décide pour la rentrée de 2023 ou 2024 de faire la même chose que le Burkina Faso… la matière première ne se trouve pas en Guinée, c’est le bazin qui est généralement utilisé surtout le cas des Kindelis. Donc, si nous devons importer encore le bazin, ça ne sert à rien d’instaurer le port de nos teintures à l’école. Il faut qu’on cherche à régler ce problème. Concernant nos textiles, la pénibilité du tisserand fait qu’il ne peut pas répondre à la demande. Et, la qualité de certains textiles aussi laisse à désirer >>.
Plus loin, elle invite les autorités guinéennes à mettre en place les conditions et remplir les préalables qu’il faut pour instaurer le port des pagnes traditionnels dans les différents établissements du pays.
<< Pour que la Guinée emboîte le pas du Burkina Faso, c’est au ministre de la culture de faire en sorte que les conditions soient remplies. C’est le rôle du ministère. Avant de prendre cette décision, il faut remplir tous les préalables: l’automatisation de nos matériels à tisser, l’implantation des usines, revoir les qualités de certains textiles et produire beaucoup plus de support en Guinée ici même pour nos teintures. Nous, notre combat ce n’est pas seulement la promotion des textiles, c’est aussi pour que ça soit bénéfique pour notre pays. Mon souhait a toujours été de voir le président de la transition en textile guinéen et ce rêve a été exaucé>>, a-t-elle lancé.
Bintou Camara (628 62 09 34)
Avenirguinee.org