Dans sa démarche consistant à lever le tabou sur la sexualité de la jeune fille, notamment les menstrues, l’ONG « Action des Femmes et Filles de Guinée » a organisé une importante activité ce dimanche à Conakry. Dans la salle du 28 septembre du palais du peuple, à l’occasion de la célébration de la journée internationale des menstrues ce 28 mai, elle a réuni des personnalités sociopolitiques autour de ce sujet jusque-là tabou en Guinée.
Devant membres du gouvernement, partenaires, artistes et experts en la matière, la présidente de l’ONG initiatrice précise que cette action s’inscrit dans le cadre du projet » Mon hygiène ma sécurité sanitaire ».
Batrou Cissoko a fait un constat sur l’inexistence de la communication entre les jeunes filles et leurs parents sur la menstruation. » Si les règles sont naturelles, un tabou les entoure encore dans notre société. La gêne et la peur de parler entraînent un manque d’informations chez les jeunes filles, notamment les adolescentes », regrette-t-elle.
D’après leur enquête, la jeune activiste souligne que » 95% des jeunes filles en Guinée ne bénéficient pas d’une éducation sexuelle, ni dans nos institutions à caractère éducatif, ni dans nos différentes familles », déplore la présidente de l’ONG AFFIG.
Pourtant, ce manque d’informations entre jeunes filles et parents n’est pas sans conséquence : » cela peut être à l’origine des infections, des maladies sexuellement transmissibles, des grossesses non désirées qui peuvent créer une situation compliquée », mentionne celle qui, depuis des années, mène un combat pour une éducation sexuelle des petites filles.
Pour solutionner le problème, plusieurs actions sont prévues. Ce sont entre autres, » la sensibilisation des parents pour une communication adéquate avec leurs jeunes filles quand elles sont à leurs périodes de menstrues, ou quant elles voient pour la première fois leurs menstrues; sensibiliser les jeunes filles à lever le tabou sur les questions liées à la gestion de leurs menstrues… », annonce-t-elle. Ce n’est pas tout, poursuit mademoiselle Cissoko, » nous avons un projet en parallèle qui est l’installation des points de vente des serviettes hygiéniques dans toutes les écoles et universités pour permettre aux jeunes filles de se procurer de ces serviettes hygiéniques de qualité et à un prix abordable ».
Parmi les panélistes, Dr Makalé Traoré, femme politique ayant un parcours reconnu dans les ONG de défense des droits des filles et femmes de Guinée. S’exprimant à propos, elle dit à qui veut entendre que » les menstrues ne sont pas une maladie, c’est un état chez la femme ».
Remontant dans les temps, elle rappelle que des actions majeures étaient entreprises pour apprendre aux jeunes filles sur les notions liées à leurs périodes de menstruation.
« Il y avait dans les écoles les cours d’hygiènes, c’est-à-dire ce que les parents n’abordent pas par pudeur ou par méconnaissance, de l’utilité de cette information. L’ecole vous explique de façon schématisée et les garçons aussi sont associés à cette démarche », martèle-t-elle avant de regretter le manque de conversation entre les filles et leurs parents sur ce sujet.
L’autre pan de la communication de la présidente du PACT était axé sur les femmes au foyer. Elle appelle à l’abandon de » cette forme de violence à l’égard des mères ».
» Une femme qui a ses menstrues a le droit d’être à côté de son mari. Donc, cette forme de violence aussi existe et il faut en parler ».
Au nom du gouvernement de la transition, la ministre de l’action sociale, de la promotion féminine et des personnes vulnérables rassure de la disponibilité de son département à accompagner ce projet.
» Elles peuvent toujours compter sur le département, sur ma personne et sur la direction de la promotion féminine.
Je voudrais aussi inviter tous les partenaires à m’aider à ce que nous puissions introduire ce sujet de formation de l’hygiène, mais surtout la formation de la sexualité au sein de nos écoles et de formation professionnelle », plaide Nanette Conté.
Cette rencontre marquée par la présence des artistes vedettes du moment a pris fin par la distribution gratuite de 3000 serviettes hygiéniques aux filles et femmes. Dans les prochains jours, 500 autres seront transportées à l’intérieur du pays pour y être remises aux jeunes filles.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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