Depuis le décès du Kountigui de la Basse Guinée, Elhadj Sekhouna Soumah, le 31 octobre dernier, la question de sa succession divise profondément les fils et filles de la région. Trois semaines après les funérailles, plusieurs groupes se disputent la désignation du nouveau leader coutumier. Cette situation inquiète les observateurs et compromet l’unité de la Basse Guinée, chère au défunt Elhadj Sekhouna.
Les désignations précipitées de plusieurs Kountiguis dans différentes localités accentuent les tensions. Le jeudi dernier, Elhadj Mamadou Camara, imam de Kindia, a été installé par un groupe. Le lendemain, un autre Kountigui, Elhadj Soumah Yansané, a été désigné à Kaloum. Une autre désignation serait en préparation à Conakry, selon une information recueillie par avenirGuinee.
Pour mieux comprendre cette situation, notre rédaction a rencontré l’honorable Aboubacar Soumah, fils du défunt Elhadj Sekhouna. Ce dernier a exprimé ses regrets face à cette division et a plaidé pour une approche unitaire et respectueuse des traditions.
Lors de son intervention, Aboubacar Soumah a rappelé l’importance d’attendre la fin des 40 jours de deuil pour engager un processus consensuel :
« Notre souhait aujourd’hui est d’unir les fils et filles de la Basse Guinée. Dès le décès d’Elhadj Sekhouna, nous avons conseillé d’attendre les 40 jours et de laisser son adjoint assurer l’intérim. Ensuite, les 16 Kountiguis des 8 préfectures et les 8 de Conakry, ainsi que les représentants des imams et des intellectuels, devraient se réunir pour désigner un nouveau Kountigui dans le respect de la charte de la Basse Guinée. Malheureusement, certains ont précipité les choses. »
Il regrette notamment les désignations unilatérales faites sans concertation, ce qui, selon lui, ne fait que diviser davantage la région.
Aboubacar Soumah a également rappelé les réalisations d’Elhadj Sekhouna Soumah, soulignant que son leadership n’était soutenu par aucun financement étatique ou institutionnel :
« Ceux qui pensent que le Kountiguiyah était financé par l’État ou des mécènes se trompent. Tout ce qu’Elhadj Sekhouna a fait, il l’a réalisé grâce à ses propres moyens. Il s’est battu pour l’unité et le développement de la Basse Guinée depuis 1958. Trouver quelqu’un qui égalera ses qualités sera difficile. »
Pour l’honorable Aboubacar Soumah, seule une unité d’action permettra de surmonter cette crise : « Mettons la balle à terre. L’unité d’action ne peut exister que si nous respectons nos engagements et les règles établies. Aimons la Basse Guinée plus que nos intérêts personnels. Nous devons respecter la charte et les mécanismes traditionnels pour désigner un nouveau Kountigui. »
Cette crise, qui aurait pu être évitée avec une gestion concertée, constitue un véritable test pour les cadres et les notables de la Basse Guinée. L’avenir du Kountiguiyah repose désormais sur leur capacité à privilégier l’intérêt général et à préserver l’héritage d’unité laissé par Elhadj Sekhouna Soumah.
Ibrahima Sory Camara pour AvenirGuinee.org