Jeudi dernier, journée chômée et payée, la Guinée a commémoré le 25 mai, date de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, devenue plus tard l’Union Africaine.
Cette « Journée de l’Afrique » a été célébrée sous la houlette du ministère des Affaires, de l’Intégration africaine et des Guinéens établis à l’étranger. Elle a connu la participation du corps diplomatique accrédité en Guinée, des institutions nationales, des membres du gouvernement de la transition, tous à l’écoute du discours fleuve du ministre Morissanda Kouyaté.
Devant un public accroché à ses lèvres, le patron de la diplomatie guinéenne a, dans un premier temps, situé le contexte de cette célébration sur le continent africain. En reférence à plusieurs pays membres de cette institution africaine, le ministre a fait constat général: » les catastrophes naturelles dues à la destruction du climat par le comportement humain, le terrorisme dans toutes ses composantes, dans toutes ses versions, la pauvreté et surtout l’inégalité, l’injustice au plan international », a-t-il souligné.
Sur la naissance de cette organisation africaine qui devrait jouer un rôle important dans l’unification et la solidarité envers tous les pays qui traversent des moments douloureux, le chef du département des AE a mentionné que : » cette organisation est née à partir de deux tendances, de deux idéologies et deux conceptions de l’Afrique: une première conception qui voulait et qui veut toujours une Afrique unie, fédérale avec ses institutions gouvernementales. Et une autre vision qui voulait d’une Afrique avec des nationalités différentes, des intérêts différents mais qui s’entendait sur l’essentiel. Tout le monde sait où est la vérité. Mais, en matière de politique et diplomatie internationale, il ne saurait y avoir de vérité unique », a-t-il estimé.
Dans son discours, Morissanda n’a pas occulté quelques faits récents qui ont suscité de l’émoi dans l’opinion publique. Ce sont les propos jugés racistes prononcés par le président tunisien qui ont causé deux conséquences : l’attaque à l’encontre des africains noirs vivants sur le sol tunisien et le rapatriement massif de nombreux migrants dans leurs pays d’origine. Même si le ministre guinéen ne cite pas de noms et de pays, il a déploré ces faits qui, selon lui, n’honorent pas l’Afrique.
» Nous avons vu des rejets, des agressions des citoyens de certains pays africains par d’autres africains. Donc, avant de porter la critique ailleurs, nous devons d’abord regarder et balayer devant notre porte africaine. C’est ensemble que nous pouvons travailler et décrocher ce que nous voulons ».
Pour espérer atteindre les objectifs pour lesquels l’UA a été créée, le ministre Kouyaté a lancé un appel au nom de son président de la transition. Au-delà, il a invité la jeunesse à prendre ses responsabilités.
« Je voulais profiter de cette journée pour lancer un appel au nom du colonel Mamadi Doumbouya à tous les dirigeants africains, pour que nous puissions faire une rétrospective des soixante années passées, pour que l’on se départisse de nos egos, que l’on sorte derrière d’autres pays pour se prendre en charge en tant qu’Africain, dans le respect de la communauté internationale. Ceci est possible.
La jeunesse doit prendre ses responsabilités. Prendre ses responsabilités, ce n’est pas agresser les anciens. Prendre ses responsabilités, ce n’est pas insulter les autres dans le monde, ce n’est pas emprunter les bateaux clandestinement pour aller envahir les autres. Prendre ses responsabilités, c’est travailler dans son pays, proposer ce que l’on peut faire pour son pays, pour l’Afrique et pour le reste du monde. C’est cela une jeunesse responsable. Nous ne devons pas nous tromper dans l’essence de la jeunesse. L’essence de la jeunesse c’est la contestation. Ceci n’est pas condamnable en soi. Un jeune qui ne conteste pas est un jeune amorphe à l’avenir compliqué. Mais, il faut que, dans un encadrement, cette jeunesse prenne le pouvoir d’aider son pays, le pouvoir de discuter, de dénoncer la corruption, les divisions communautaires », peut-on retenir de son discours parcouru par avenirguinee.org, à l’occasion de la » Journée de l’Afrique ».
Mohamed Cissé