Au moins 150 personnes – dont des femmes et des enfants – ont été tuées mercredi et jeudi 20 octobre dans de nouveaux affrontements entre communautés au Nil Bleu, dans le sud du Soudan.
La mission de l’ONU au Soudan a dit sa « grave inquiétude concernant l’escalade des violences » meurtrières entre tribus au Nil Bleu ainsi que dans l’État du Kordofan-Ouest, appelant les autorités à s’attaquer « aux racines du problème » et à garantir « le droit des habitants à la sécurité ».
Depuis lundi, les autorités avaient imposé un couvre-feu nocturne dans cette zone frontalière de l’Éthiopie après la mort de 13 personnes. Mais rien n’y a fait. Les violences ont repris malgré le déploiement d’importantes forces de sécurité dans le secteur.
Des affrontements se poursuivaient encore jeudi soir dans la localité de Wad el-Mahi, à 60 kilomètres de Damazin, la capitale de l’État du Nil Bleu. Un employé de Médecins sans frontière sur place décrit une situation chaotique et des hôpitaux débordés. De nombreux blessés par balles et par coups de couteaux. Mais surtout, des rescapés carbonisés par les flammes. Après que les hommes ont été abattus à l’arme lourde, des pâtés de maisons entiers ont été réduits en cendre. Ils abritaient principalement femmes et enfants qui s’y étaient réfugiés.
D’après plusieurs témoins, les attaques ont commencé mercredi après-midi. Des habitants issus de la tribu Gumuz ont été assaillis par des hommes armés Haoussa. Depuis le mois de juillet, la tension est à son comble entre communautés. Les Haoussas revendiquent le droit de posséder des terres. Les autres tribus s’y opposent et considèrent que les Haoussas ont été privilégiés sous le régime d’Omar el-Béchir.
« Les conflits tribaux sont instrumentalisés », tranche un avocat de Damazin. « C’est un conflit pour les ressources », poursuit-il. La région du Nil bleu est extrêmement riche en or. L’armée soudanaise et les miliciens des Forces de soutien qui ont dépêché des troupes sur place y ont toutes deux implanté des entreprises d’extractions minières.
Ces morts viennent s’ajouter aux 149 autres personnes qui ont été tuées entre le mois de juillet et début octobre qui avaient fait des centaines blessées et 65 000 déplacées dans l’État du Nil bleu, selon l’ONU.
Avec RFI