Ils sont près de 400 Guinéens victimes du racisme et de xénophobie en Tunisie à être rapatriés par les autorités de la transition. Dès leur arrivée en Guinée, ils ont reçu l’engagement du gouvernement à tout mettre en œuvre pour faciliter leur réintégration socioprofessionnelle.
Plus de 3 mois après, aucune suite n’est jusque-là donnée à leur situation. Pour mieux se faire entendre, ces Guinéens se sont constitués en une association dénommée » Association des Guinéens Victimes du Racisme et de Xénophobie en Tunisie ». Le président de cette structure, qui accordait une interview vendredi à avenirguinee.org, a fait le récit de l’engagement pris par le colonel Mamadi Doumbouya et le chef du gouvernement Dr Bernard Goumou.
» Une fois que nous sommes rentrés en Guinée le 07 mars 2023, le premier ministre nous dit qu’ils vont s’occuper de la réintégration, qu’ils ne vont pas nous laisser tomber. Comme nous avons tout perdu en Tunisie, ils vont donc nous réintégrer socioprofessionnellement en Guinée. Cette intégration étant promise, on devrait faire les démarches au ministère des affaires étrangères. Mais, on a tourné là-bas depuis près de 3 mois, il n’y a jamais eu gain de cause », a dit Fromo Onivogui.
Cependant, il a précisé que dès leur descente de l’avion, des enveloppes symboliques leur avaient été remises » pour que les gens puissent rentrer chez eux dignement, acheter quelques vêtements et trouver de quoi manger en attendant que la réintégration proprement dite soit faite ».
Selon lui, le ministère des affaires étrangères et des Guinéens de l’Étranger censé gérer ce dossier fait de la sourde oreille à leur revendication. De ce côté, des démarches sans suite ont été menées.
» Le contact avec le ministre des affaires étrangères n’est pas très facile. Il y a des personnes par lesquelles nous passons pour atteindre le ministre. Nous n’avons eu à le contacter qu’une seule fois. La dernière fois que nous étions là-bas, nous avons fait une mobilisation, il nous a reçus dans sa salle d’audience. Je pense que c’était la seule fois qu’il nous avait reçus… », indique-t-il.
Et de poursuivre, » au ministère des affaires étrangères, ce n’est pas du tout rassurant. Ils nous disent que les dossiers sont en cours: » attendez, la procédure est longue, les partenaires sont en train de faire ceci et cela ». Pourtant, d’après notre connaissance, le seul partenaire qui est lié à la réintégration socioprofessionnelle dans un pays, c’est l’OIM. Quand nous partons vers l’OIM, elle nous dit que tout a été fait. Elle (OIM) a eu même à nous montrer une preuve, parce qu’on a été enregistré avec des cartes biométriques. Quand un responsable de l’OIM a scanné une de ces cartes-là, il nous a dit que les personnes qui possèdent ces cartes-là ont été déjà assistées, alors que nous on a pas été assistés. »
Après l’échec de toutes ces démarches, ils ont donc décidé de se faire entendre à la devanture de la présidence. Pour notre interlocuteur, » c’était pour parler directement au président. Parce que la personne qui est censée être le canal par lequel nous devons atteindre le président, on ne sens pas son engagement vis-à-vis de notre personne ».
Concluant, il a lancé un message en ces termes : » tout ce que je demande à l’État, c’est de ne pas nous voir d’un mauvais œil. Certes nous avons été là-bas, ça a un peu dégénéré mais, s’ils nous voient faire ces choses là, c’est parce que ça ne va pas du tout. Tout ce que nous demandons, c’est de l’aide. Nous réintégrer sur le plan socioprofessionnel en Guinée, c’est tout ce que nous demandons », plaide Fremo Onivogui au nom de sa structure.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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