Dès sa descente de l’avion, après un séjour à l’extérieur du pays, le ministre de la justice et des droits de l’homme s’est exprimé dimanche, 03 septembre, sur les questions brûlantes de l’actualité, notamment celles qui concernent son département. Comme il fallait s’y attendre, Alphonse Charles a répondu les magistrats qui menacent de manifester leur colère face à ce qu’ils appellent « l’ingérence » du garde des sceaux dans les dossiers judiciaires qui relèvent de la compétence des magistrats.
À l’entame de ses propos, le ministre de la justice a rappelé que : « Le président de la République a fait de la justice la boussole de sa gouvernance, ce qui fait qu’aujourd’hui tous les efforts qu’on a fournis et qu’on est entrain de faire visent à remplir la mission qui nous a été assignée par le chef du gouvernement, mais aussi par M. le président de la République », dit-il.
Avec un ton imposant, Alphonse Charles, souvent accusé de personnaliser le département de la justice, regrette selon lui le non respect de la procédure par les grévistes. Cependant, il déclare devant qui veut l’entendre que : « les questions institutionnelles dépassent les questions de personne. Quand on parle de la grève, on suppose ce qu’on appelle le respect d’un certain nombre de conditions. C’est un simple débrayage que certains entendent organiser en violation de tout ce qui est obligation déontologique que recommande le statut de magistrats. Vous savez, quand vous voulez exercer un droit en prônant le respect de l’égalité, vous devriez éviter de tomber dans l’illégalité », enseigne le ministre.
À l’en croire, « dans tous les pays du monde, quand une association professionnelle veut aller en grève, la loi impose forcément le respect d’un certain nombre de procédures. Mais, en l’espèce, je ne parle pas de grève, je parle d’un acte de sabotage, c’est clair la dessus. Les questions institutionnelles se règleront de manière institutionnelle », insiste-t-il. Ajoutant que sa réponse ne tardera pas.
« Dans les jours qui viennent, nous prendrons la décision qui s’impose. Les magistrats qui ont compris leur responsabilité professionnelle savent une chose: on ne peut pas priver les citoyens de leur droit d’accès à la justice ».
Cette suspension des activités des magistrats n’est pas sans conséquences sur le déroulement des procédures dans les tribunaux du pays. Charles pense que les protestataires devraient respecter leur serment pour servir les citoyens conformément à la loi en la matière.
« Quelque soit votre colère, quelque soit votre désaccord, ce pourquoi vous avez prêté serment, priver les citoyens d’accès à la justice, ce n’est pas une bonne chose. Partir jusqu’à appeler des magistrats pour leur dire “ est-ce que vous êtes en fonction? Vous ne devriez pas aller”. Cette forme d’harcèlement doit cesser, c’est clair. Les magistrats qui ont compris savent que la responsabilité professionnelle du magistrat est personnelle. Lorsqu’on veut aller en grève, on informe une autorité pour dire que « je vais aller en grève ». Quand ont veut aller en grève, on peut quand même donner un préavis de grève; quand on veut aller en grève, on a quand même un certain nombre de revendications qu’on pose en amont », rappelle Alphonse Charles Wright.
Et de menacer, « tous les magistrats qui n’ont pas pu faire les vacations en bonne et due forme, et selon le calendrier qui a été établi, j’ai déjà confié le travail à l’inspection des services judiciaires, demain on me fera le compte-rendu. Je vais prendre la mesure qui s’impose. Tous les magistrats qui ont compris qu’ils sont magistrats, qu’ils ont des obligations de déontologie et d’éthique, continuent à servir. Nous n’avons aucun problème contre qui que ce soit », rassure le garde des sceaux.
Pour lui, « lorsque vous n’êtes pas d’accord sur la décision du ministre de la justice, vous avez deux possibilités : vous pouvez attaquer la décision devant la cour suprême ou tout simplement vous pouvez aller vous défendre devant le conseil supérieur ».
Avant de quitter les micros, le patron de la justice et des droits rassure que les portes de son département restent ouvertes à tous les professionnels de droit de tous bords confondus.
Pour exiger « le respect de l’indépendance de la justice et la dignité des magistrats », les hommes en robes noires prévoient de battre le pavé le 07 septembre 2023. Devant un parterre de journalistes vendredi dernier, ils ont annoncé que cette marche partira de la Cour d’appel pour aboutir au Conseil supérieur de la magistrature, en passant par le ministère de la justice.
Mohamed Cissé pour avenirguinee.org