Pour réclamer la levée du contrôle judiciaire sur des acteurs politiques, la libération des activistes du FNDC, le retour à l’ordre constitutionnel…, les Forces Vives de la Nation ont appelé à une série de manifestations dans le Grand Conakry.
Mercredi dernier, au moins sept (7) jeunes ont été tués lors des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre dans des quartiers de la haute banlieue de Conakry.
Interrogé jeudi par un reporter d’avenirguinee.org, le président de l’Alliance pour le Développement dans la Continuité ( ADC) s’est exprimé sur cette actualité. Ansoumane Adios Condé, à l’entame de sa prise de parole, a déploré que cette manifestation soit appelée par » ceux qui ont applaudi l’arrivée de la junte militaire ».
» Nous sommes dans une transition. Et qui dit transition dit problème. Parce que la transition est venue à travers un problème politique dans le pays qui a suscité le changement. Et, ce changement suscité doit aboutir à un résultat concluant, un résultat pour corriger le manquement qui a occasionné le coup d’État.
À l’arrivée au pouvoir après le coup d’État du CNRD, je dirais 80% des formations politiques guinéennes se sont mises dans les rues pour célébrer ce changement, considérant comme une victoire l’arrivée du CNRD à la tête de notre pays. Ce sont les mêmes personnes qui demandent aujourd’hui de manifester. À un moment donné, il faut se poser la question: Qu’est-ce que la classe politique guinéenne veut réellement ? Est-ce un problème de personne ? Est-ce un problème de communauté ? Est-ce un problème d’intérêt ? C’est très important de se poser la question », a-t-il dit.
Sur l’interdiction des manifestations politiques par les autorités de la transition, le leader de l’ADC ne trouve pas d’objection à partir du moment où le CNRD ne présentera pas de candidats aux futures élections.
» Les manifestations étant un droit constitutionnel, doivent être faites dans les règles de l’art. Lors qu’elles ne sont jamais pacifiques, parce qu’elles n’ont jamais été pacifiques chez nous en Guinée, les nouvelles autorités ont le plein droit, pour la quiétude sociale, de demander de surseoir à tout ce qui est manifestation jusqu’à ce qu’elles terminent la mission qu’elles ont à faire. Dès lors qu’elles n’auront pas de candidats pour les échéances électorales prochaines, moi je crois bien que c’est un plein droit pour elles parce que je me dis que l’intention, c’est de respecter et de faire respecter le chronogramme. C’est pourquoi, elles ne veulent pas d’obstacles. Manifestation est égale à obstacle chez nous ici parce que ça crée énormément de problèmes. Dans les familles, les gens vivent du jour au jour. Une journée entière à la maison pour un père de famille, pour une mère de famille, ce sont les enfants qui pleurent à la maison. Parce que ce qu’on gagne aujourd’hui, c’est ce que nous mangerons demain. Alors, plusieurs manifestations ont été faites chez nous par le passé mais ça n’a rien donné », a-t-il martelé.
À suivre le regard de ce jeune politique, les Forces Vives de la Nation devraient prioriser le dialogue en lieu et place de la rue. Ce, en raison des carnages que les protestations politiques ont toujours causés dans le pays. Notamment des pertes en vies humaines, des blessés et des destructions massives d’édifices publics et privés.
« À un moment donné, il faut savoir se retenir, essayer de prioriser le dialogue. Et dans ce dialogue, on ne vient pas pour dire mordicus que mes propositions doivent entièrement être prises en compte, ça ce n’est pas un dialogue politique. S’il y a deux camps, tu viens avec des propositions, l’autre camp vient avec les siennes, on regarde ce qu’il y a à prendre dans tes propositions, pour une fois tu acceptes parce que c’est dans l’intérêt du pays; l’autre côté aussi, et qu’il y ait un rapprochement de solutions pour que les choses puissent aller dans les meilleures conditions. Mais, quand vous venez de façon catégorique et dire que si tel ou tel ne sont pas pris en compte, nous allons manifester, ça c’est menacer. Alors que, cette manifestation là, quand vous vérifiez ou vous demandez les guinéens aujourd’hui, de Beyla jusqu’à Conakry, ou de Yomou à Conakry, la majorité vous dira que ça ne sert à rien. Il faut grandir, nous sommes un peuple de référence. Nous avons aidé des pays à se libérer, nous ne pouvons pas accepter que l’image négative de la Guinée soit toujours utilisée par des individus pour se faire de la place. La Guinée n’est pas un objet, ce n’est pas un jeu. Dans ce pays, les guinéens doivent se sentir à l’aise parce qu ‘ils sont chez eux. Mais, tu ne peux être chez toi et que ça soit comme si tu étais en aventure. Être chez toi, c’est avoir la paix; se sentir chez soi, c’est être en paix dans la santé. Donc, à mon humble avis, il est important que nos aînés comprennent désormais qu’ en politique, ça se joue avec les stratégies, ce n’est pas la force physique, ce n’est pas par les violences qu’on arrive à se faire entendre… », a-t-il lâché.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
621269981