Lors des présentations des vœux de nouvel an au ministre de la Justice et à son cabinet par les acteurs judiciaires, organisées par les présidents des cours d’appel de Conakry et de Kankan ce vendredi au tribunal adoc sis à Kaloum, le président de l’ordre des avocats de Guinée, Maître Souaré Diop, a interpellé le ministre sur les restrictions actuelles des médias.
« Sur le chapitre des droits de l’homme, justement monsieur le ministre, le barreau, en sa qualité de premier activiste en la matière et porte-voix des sans-voix, voudrait attirer votre attention à cette occasion solennelle sur le respect du droit à l’information de nos citoyens, de la liberté de la presse et la liberté d’opinion, en application des articles 8 et 19 de la charte de la transition. En effet, toute privation des citoyens de ces droits, de s’exprimer librement et participer au débat public, est une violation des dispositions visées de la charte de la transition, qui est notre loi fondamentale », a-t-il rapporté.
Prenant la parole à cette occasion, le ministre de la Justice des gares des sceaux, Alphonse Charles Wright, a également rappelé que : « Vous parlez tout de suite de droits à l’information, je vais dire deux mots. Ces journalistes qui sont présents, s’il y a quelqu’un qui est ami des médias avec qui on se boxe tous les jours, c’est moi. Vous suivez les radios et télé tous les jours chez Charles Wright, venez, moi je suis un homme public, vous ne voulez pas qu’on vous tape vos dos, venez derrière les gens. Psychologiquement, moi je suis préparé à tout ça, à la différence de ceux qu’on peut critiquer à la radio deux jours, l’intéressé mort dans son bureau, moi c’est mon oxygène, ça me met dans une ligne de défi. »
Et de poursuivre, « Deux choses, l’exercice de la liberté d’expression, et l’accès à l’information, deux notions confuses et nous même nous entretenons (…). Monsieur le bâtonnier, j’ai eu la chance de voyager et je prie Allah de donner la chance à tout le monde de voyager, d’embrasser les réalités des autres pays avant de parler du nôtre. En Angleterre, l’une des plus grandes radios, la BBC, aux États-Unis de l’autre côté quand vous prenez la parole, moi je dis à tous les médias, on dit oui le droit à l’information a été choisi (…). J’ai dit à monsieur le président de la transition, et aux membres du gouvernement, lorsqu’on gère un pays, on ne doit pas fuir le débat, et on ne doit pas garder le silence. Il faut aborder le sujet, poser le diagnostic pour pouvoir avancer. Monsieur le bâtonnier, le droit à l’information c’est quoi ? C’est la possibilité de donner de l’information à tout citoyen, ce n’est même pas des journalistes. D’accéder à l’information publique auprès de tous les services, cela veut dire que ce n’est même pas un droit où le monopole appartient aux journalistes, je veux que ça soit clair. Tout citoyen ayant besoin de l’information concernant le service public a droit à y accéder, à la limite près des exceptions du secret d’État et tout ce en quoi je crois que ce droit ne pose aucun problème ajoute le ministre de la justice.
Plus loin, il dira que « l’exercice de la liberté d’expression, moi je n’ai pas de problème aujourd’hui en tant que ministre des droits de l’homme, parce que les gens pensent que toujours que les droits de l’homme, c’est seulement l’État fait beaucoup attention. Le droit de l’homme signifie aussi de respecter des lois. Mais on estime cette partie pour dire toujours pour percevoir les droits de l’homme comme la perception d’obligation vis-à-vis de l’État. La loi sur la liberté de la presse est très claire, en Guinée la presse se crée librement, la preuve aujourd’hui il y a une panoplie de la presse en ligne en Guinée, personne ne peut nier ça. Au-delà de ça, le principe est très clair, nul ne peut restreindre cette liberté de la presse sauf pour deux raisons majeures. Donc je veux que nous parlions des principes, nous avons prévu des rencontres la semaine prochaine avec les médias, pour leur dire en tant que ministre des droits de l’homme, vous voulez exercer votre droit, je suis d’accord, mais l’exercice pose des problèmes, il faut revoir parce que la liberté de presse ne doit porter atteinte à la dignité d’une personne. Vous êtes un père de famille, on vous dit monsieur le bâtonnier est ceci et cela, vos parents, vos amis vous écoutent, il y a des gens qui vous voient à l’étranger, beaucoup prennent le micro aujourd’hui, ils ne sont pas des journalistes, ils n’ont pas appris l’éthique et de la déontologie, mais ce pendant on les laisse le micro. Moi j’ai dit et je répète, l’État est sur son droit de restreinte lorsque l’exercice de la liberté porte à l’atteinte grave à la paix à la quiétude sociale… » a-t-il déclaré.
À noter que cette rencontre a connu la présence de tous les acteurs de l’appareil judiciaire.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org