Alors que l’affaire du marché gré à gré sur un contrat de rénovation et d’extension du ministère des postes et télécommunication et de l’économie numérique, dans le cadre des travaux de réhabilitation et de lancement des opérations de Guinée-Télécoms facturé à un montant de plus de 65 milliards de francs guinéens fait grand bruit, l’entrepreneur exécutant les travaux de la SOTELGUI, dont le contrat n’a jusqu’à présent pas été résilié, décide de prendre la parole.
Un des responsables de ‘’Bâti Afrique’’, qui a obtenu le contrat en 2009, réclame à l’Etat, à travers le ministère des postes et télécommunication et de l’économie numérique, plusieurs milliards de francs guinéens.
Dans un entretien qu’il nous a accordé ce jeudi, 14 septembre, il est largement revenu sur la genèse de l’affaire.
« J’ai obtenu le marché, il fallait préfinancer, donc, on a commencé les travaux, c’était R+1, on est allé à R+5. Jusqu’au moment où SOTELGUI fermait, elle avait des problèmes de liquidité. Donc, nous, pour ne pas que les travaux s’arrêtent, on a fait un prêt à la banque. Avant que SOTELGUI ne ferme, elle nous devait près de 800 millions de francs guinéens. Cet argent était un prêt avec Orabank. J’ai fait beaucoup de papiers pour prouver qu’on continue de payer les frais à la banque. A l’approche de la fermeture, la société, n’ayant pas d’argent, a commencé à nous faire des chèques pour nous payer. Mais, malheureusement le premier chèque qu’on nous a donné est un chèque impayé. J’ai jusqu’à présent ce chèque avec moi », dit-il à l’entame de sa prise de parole.
Pour s’enquérir des réalités financières de la société, le gouvernement d’alors a engagé un audit interne au niveau de la SOTELGUI. Notre interlocuteur confie que les résultats ont clairement révélé le non-paiement du montant de près de 800 millions de francs guinéens à la société exécutante des travaux.
« En 2011, ils ont fait l’audite, la société a reconnu qu’elle nous devait près de 800 millions fg, ce sont des travaux effectués mais qui n’ont pas été payés. Imaginez, depuis 2010, 800 millions avec des intérêts à la banque, ce que cela peut représenter, c’est des milliards », soutient cet entrepreneur qui dit avoir montré ses preuves en termes de construction, de rénovation et d’équipement des bureaux.
En ce concerne les démarches qu’il a menées, il indique avoir envoyé de nombreuses lettres qui sont restées sans réponse.
« J’ai des courriers au moment des ex ministres Moustapha Mamy Diaby, Moise Koulibaly, Oyé Guilavogui…Jusqu’à preuve du contraire le contrat n’a pas été résilié…J’ai adressé un courrier à l’actuel ministre Ousmane Gaoual Diallo, je suis même allé le voir pour lui dire que l’Etat me doit dans cette affaire. Je ne dis pas de me donner le marché, mais de grâce consultez-moi. On a écrit à l’agent judiciaire de l’Etat pour attirer son attention. Cela fait près de deux ans que le dossier est au niveau de l’agent judiciaire de l’Etat, pas de réponse. On appelle il ne prend pas, on écrit des SMS, il ne répond pas, on a pas d’interlocuteur », regrette-t-il.
Arrivée au pouvoir le 05 septembre 2021, la junte militaire a inscrit dans ses priorités la relance de la SOTELGUI sous le nom de GUINÉE-TÉLÉCOMS. L’actuel ministre des postes et télécommunications et de l’économie numérique a attribué le contrat à une autre société alors que celui de ‘’ Bâti Afrique’’ est en cours. Une mauvaise nouvelle pour l’entrepreneur qui, depuis 2011, continue de payer les frais du non-respect des procédures de prêt à la banque.
« Donc, j’apprends que ce marché est attribué à un autre, c’est normal, ils peuvent le faire, mais qu’on nous paye le travail qu’on a effectué parce que nous devons aller à la banque. C’est tout ce que je cherche dans cette affaire. L’Etat me doit près de 3 milliards de fg parce que nous avons payé près de 2 milliards à la banque. Depuis 2011, on a écrit près de 1000 lettres sans réponse ».
A suivre…
Mohamed Cissé pour avenirguinee.org
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