Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, la capitale Conakry a été durement touchée par des pluies diluviennes, entraînant des pertes en vies humaines ainsi que des dégâts matériels importants dans plusieurs quartiers. Face à cette situation dramatique, de nombreux observateurs s’interrogent sur les causes réelles de ces inondations et les mesures à prendre pour éviter de tels drames à l’avenir en Guinée.
Moussa Sangaré, président de la Coalition Nationale des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CONASOCG), a partagé son point de vue sur cette question lors d’une interview exclusive avec notre rédaction. Dès le début de son intervention, il a exprimé sa profonde tristesse et a présenté ses condoléances aux familles endeuillées. Il a également exhorté l’État à réagir rapidement pour venir en aide aux sinistrés : « C’est un sentiment de tristesse et de consternation pour ceux qui ont perdu leurs proches. Il est important de prier pour qu’ils reposent en paix. Il faut également que l’État prenne des mesures pour soutenir les blessés et les familles affectées. J’ai confiance que l’État réagira rapidement, comme cela a été montré par les efforts des services de protection civile et de l’AGUIPEL. L’essentiel est que les aides soient bien coordonnées afin que toutes les victimes puissent en bénéficier. »
En ce qui concerne les causes des inondations, le président Sangaré les attribue à plusieurs facteurs, notamment environnementaux : « Les causes sont multiples. D’abord, sur le plan environnemental, nous assistons à une dégradation poussée de notre environnement, tant sur terre qu’au niveau des côtes. Depuis plus de dix ans, de nombreuses personnes ont construit au bord de la mer, repoussant ainsi le niveau de l’eau. Ces zones, qui devaient normalement permettre l’évacuation de l’eau en cas de fortes pluies, sont désormais saturées, provoquant un retour de l’eau vers le continent. De plus, nous avons massivement coupé les arbres qui jouaient un rôle crucial en absorbant l’eau. »
L’activiste de la société civile pointe également du doigt les constructions anarchiques qui ont aggravé la situation : « Nous avons construit dans le lit des cours d’eau, obstruant ainsi leur passage naturel. En Guinée, où la pluviométrie est élevée, ces actions ont des conséquences graves. Cette année, ce phénomène ne concerne pas seulement la Guinée, mais plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne. Nous devons nous attendre à des pluies, mais il est crucial qu’elles soient modérées. »
Pour réduire les risques, il appelle les autorités à s’impliquer davantage dans la prévention : « Les campagnes de curage des caniveaux doivent être menées en continu, avant le début de la saison des pluies. Il ne faut pas attendre les premières pluies pour commencer ces travaux. L’évacuation de l’eau est une responsabilité de l’État. »
Plus loin, il insiste également sur le manque de civisme des citoyens : « Les caniveaux sont remplis des déchets que nous-mêmes produisons. Le civisme fait défaut chez les citoyens. Chacun de nous est responsable de ces problèmes. Il est temps que l’État prenne de l’avance sur la population en matière d’urbanisation. »
En conclusion, Moussa Sangaré propose à l’État de prendre des mesures drastiques pour corriger la situation : « Il faut anticiper et enlever les maisons construites dans les zones à risque. Même si ces constructions datent de plusieurs décennies, il est essentiel de les démolir pour éviter de futurs drames. »
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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