La communauté musulmane guinéenne a entamé, samedi dernier, le mois saint du ramadan. Ce, alors que la population se plaint de la cherté des denrées sur les différents marchés.
En ce mois-ci, comment les femmes arrivent-elles à se procurer du poisson en dépit des prix exorbitant ?
La rédaction d’avenirguinee.org est allée au port de Boulbinet, dans la commune de Kaloum, pour s’enquérir des réalités. Le constant est moins reluisant. Du moins, c’est ce qu’a pu constater un reporter de notre rédaction.
Trouvée sur place, en pleine action de rinçage du lot de poisson qu’elle a acheté chez les pêcheurs, Mafèrin Conté, vendeuse de poisson nous a accueilli avec un sourire, derrière lequel une amertume se fait voir.
Interrogée, elle a confié que « les prix ont augmenté. On a tout fait pour qu’ils diminuent les prix mais, impossible ! D’ailleurs, ils ne font qu’augmenter chaque jour surtout à la veille du mois de ramadan. Ce qu’on prenait à 100.000 GNF, actuellement c’est à 200.000 GNF. Et ? ce qu’on prenait à 200.000, actuellement c’est à 300.000 GNF ; ils refusent catégoriquement de baisser le prix. C’est les chinois qui augmentent le prix, les pêcheurs aussi. Donc, nous demandons à l’Etat de nous aider à diminuer les prix du poisson pour nous les femmes, on souffre vraiment », a lancé ce cri de cœur.
Quant au pêcheur Aboubacar Camara, qu’on a trouvé en train d’enfiler son filet, il impute la cherté du poisson à la situation extraordinaire dans laquelle le pays a basculé après la prise du pouvoir. Pour lui, depuis la nomination de la nouvelle ministre à la tête de ce département, la seule fidélité qui est restée : c’est la « souffrance ».
« On pêche un peu mais il n’y a pas de marché parce que le carburant coûte cher pour nous. Et, si on envoie les poissons, on est obligé d’augmenter le prix ; ce qui fait que le poisson coûte cher et il y a la rupture… Depuis l’arrivée de la nouvelle ministre, le seul changement qu’on a vu, c’est l’augmentation de nos souffrances. Parce que le prix du carburant est cher pour nous. Il nous est difficile déjà d’écouler ce qu’on ramène de la mer à cause du prix donc, c’est la vraie galère ». C’est pourquoi, ajoute-t-il : « on invite les autorités à revoir certaines choses pour nous afin d’améliorer un peu la situation ».
Qu’est-ce qu’en dit l’union nationale des pêcheurs du port Kaporo ? Mômô Monet Soumah, président de cette structure, s’est exprimé sur la question. A l’en croire, cette situation est due au délivrement arbitraire et non contrôlé des licences de pêche aux étrangers, par le ministère de la pêche.
« L’océan de la Guinée peut nourrir tous les pays de l’Afrique de l’ouest en poisson, pas la Guinée seulement. Mais, il y a un problème d’équipements. Au-delà, il y a des chinois qui pêchent sur nos mers et ne prennent que des petits poissons qui sont immangeables et les mettent dans des sacs qu’ils ont puis les jettent après. Nous avons combattu ce phénomène sous l’ancien ministre afin que les chinois puissent changer de filets pour éviter ce drame mais en vain. La ministre actuelle est très bien mais, ses collaborateurs (les cadres du ministère) risquent de l’empêcher de réussir sa mission. Ce sont des corrompus. C’est eux qui délivrent des licences de pêche aux chinois. Qu’ils appellent les chinois pour leur dire de changer de filets de pêche pour éviter que les petits poissons en meurent. Nous ne sommes pas contre le fait qu’ils soient ici mais qu’ils changent la méthode de pêche », a souhaité Soumah.
Face à cette cherté de la vie, les femmes guinéennes n’ont pas manqué d’interpeller le président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, à l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits de la femme, le 08 mars dernier. Une situation à laquelle le colosse du 5 septembre avait promis de faire face.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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