C’est une institution créée au lendemain de l’acquisition de l’indépendance de la Guinée (1966), sous l’ère du régime du feu président Ahmed Sékou Touré. Pour quel objectif ? Le motif reste tout aussi simple : mettre en valeur les langues nationales. Mais, de 1966 à ce jour, pour quel résultat, quelle image ?
Pour répondre à ces interrogations, le nouveau Directeur général de cette institution a accordé un entretien à la rédaction d’avenirguinee.org. Tout d’abord, Dr Mohamed Bintou Keita est revenu sur l’historique de l’Institut de Recherche de linguistique Appliquée (IRLA).
« L’Institut de recherche de linguistique Appliquée (IRLA) est l’une des plus vieilles institutions de la République de Guinée qui a commencé depuis 1966. Après avoir obtenu l’indépendance politique de la Guinée, Sékou Touré voulait une rupture totale avec la France. Donc, il fallait aussi une indépendance culturelle ; essayer d’enseigner « français », avec l’idée qu’il prônait, ne collait pas. Donc, ça gère l’idée d’enseigner la langue nationale 1966…. Pour faire non seulement la promotion des langues nationales, mais aussi pour définir 9 missions qui sont de sauvegarder et développer le département de linguistique guinéen qui est support privilégié de notre culture nationale dans sa diversité. Et, tout cela, c’est pour aboutir à l’intégration de notre culture dans le patrimoine culturel universel. Donc, cela veut dire que c’est un institut qui n’est pas appris à la légère parce que c’est notre identité, c’est une partie de nous. Donc, nos langues nationales, on ne peut pas les oublier. Même si des gens ont la version d’apprentissage de ces langues-là dans les écoles mais, il faut quand-même faire leur promotion », a-t-il largement expliqué.
Poursuivant, notre interlocuteur a déploré le complexe des Guinéens qui, même dans leurs familles, s’abstiennent à parler leurs langues nationales.
« Fort malheureusement, il faut reconnaître qu’aujourd’hui dans les familles, vous allez voir que des parents parlent le français à leurs enfants … Donc, comment peut- on imaginer que quelqu’un qui est né en Guinée, un enfant qui ne comprend aucune langue nationale de la Guinée ? ça doit vraiment attirer la sonnette d’alarme, et que nos autorités doivent vraiment penser à ce genre de situation. Si vous imaginez, il y a des ethnies aujourd’hui, il y a des communautés aujourd’hui, si rien n’est fait d’ici quelques décennies, on ne trouvera presque pas de gens qui vont parler ces langues-là », regrette M. Keita.
A l’en croire, « pour sauver la Guinée, il faut s ‘y mettre à fond. La Guinée a besoin de tous ces fils et toutes ces filles, c’est ce qu’on est en train de faire à IRLA actuellement ; c’est de faire sortir cette institution de l’ornière, de l’anonymat et de l’oubliette », a-t-il martelé.
Rappelant les autorités de la transition, les partenaires et les bonnes volontés à un sursaut pour la survie de son institution, le DG de l’IRLA a confié les projets phares à réaliser par son équipe.
« Le projet phare qu’on est en train de faire aujourd’hui, c’est de doter la Guinée d’une politique linguistique. Parce que nous sommes quand-même l’institut qui a la légitimité étatique de porter la politique linguistique du gouvernement en matière de la promotion de langue nationale. Donc, il ne faut pas que les gens oublient cela. Donc, nous, en tant que l’institution étatique, qui a la légitimité de faire ce travail-là, il faut d’abord qu’on vulgarise cette institution-là. Aujourd’hui, c’est à travers la journée portes ouvertes que beaucoup de personnes ont découvert cette institution qui existe depuis 1972 … ».
A suivre…
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org