Opinion-« Cette justice là, n’est plus la justice d’Alpha Condé, c’est clair. Je sais qu’on tirera à boulets à rouge mais elle n’est plus comme la justice d’Alpha Condé, c’est une justice de refondation », disait le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright lors de sa visite au chevet de l’ancien président de l’assemblée nationale, Amadou Damaro Camara. Qui aurait crû que celui qui était considéré par un nombre important de guinéens comme le meilleur magistrat du pays jusqu’à la chute du Pr Alpha Condé, le 05 septembre 2021. Celui qui se serait désolidarisé de l’immixtion de l’Exécutif dans les affaires judiciaires sous le régime défunt. Celui qui a toujours clamé son indépendance vis-à-vis de l’ancien régime. Celui qui a toujours vanté l’indépendance de la justice guinéenne depuis sa nomination par le Colonel Mamadi Doumbouya.
Mister, vient de perdre le peu de crédibilité qui lui restait !
Dans sa tournée en Guinée-Forestière, Charles Wright révélait : « Moi, en tant que juge, j’ai été martyrisé par le professeur Alpha Condé pour me dire de violer mon serment, j’ai refusé. Mon épouse a perdu sa grossesse de cinq mois parce que j’ai dit le droit. J’ai laissé ma maison pour dormir dehors pour des raisons de sécurité. J’ai été victime de ça, mais je n’ai jamais cédé parce que c’est ce qu’on peut me faire ici, ça peut passer. Mais, dans ma tombe ce n’est pas quelqu’un d’autre qui va m’accompagner, je serai seul avec ma conscience. Je préfère subir tout ici et prier Dieu pour que mon âme ait un repos éternel que de mentir ici pour faire plaisir à un président ou à qui que ce soit au détriment des citoyens ». Et pourtant jamais la justice n’est tombée aussi ridicule que sous le magistère du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright. Quelle honte pour la justice guinéenne ? Quelle honte pour les magistrats de mon pays?
Et si c’était la fin du règne de Charles Wright à la tête du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme ?
En acceptant d’enterrer définitivement le peu d’indépendance qui restait à notre justice. Charles Wright vient de commettre la plus grave erreur de sa carrière de magistrat, Jusque-là, « élogieuse », aux yeux de certains guinéens. J’ai pitié de certains magistrats vertueux qui continuent à se battre bien que mal pour défendre l’honneur et la dignité de notre justice.
Vexé, indigné et désabusé par cette immixtion flagrante de l’Exécutif dans les affaires judiciaires, le barreau de Guinée déclare le lundi 15 mai 2023, la journée sans audience sur toute l’étendue du territoire national. Sans doute, le ministre Charles Wright vient de montrer que ceux qui sont détenus dans la culpabilité de la justice, sont des otages des individus qui veulent régler leur compte à d’autres. Les guinéens ont applaudi le discours du président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya, au lendemain de la prise du pouvoir en disant ceci : « La justice sera la boussole qui va orienter la vision du CNRD» . Malheureusement cette fameuse déclaration du chef de l’Etat ne tient plus la route et ne tiendra plus la route sous le CNRD, tant qu’Alphonse Charles Wright est ministre de la Justice et des Droits de l’Homme.
C’est l’humiliation du siècle pour la justice guinéenne. La Guinée est devenue la rusée du monde, à cause de l’obsession d’un homme qui a décidé de cloué à pilori notre justice.
Il est temps pour le colonel Mamadi Doumbouya de redorer l’image de la justice guinéenne, qui est complètement ternie par les agissements de Alphonse Charles Wright.
Mohamed Camara, journaliste.