Au tribunal de première instance de Dixinn, délocalisé à la cour d’appel de Conakry, la phase de plaidoirie et de réquisition continue. L’audience de ce mardi 14 mai 2024 a été ouverte par la prise de parole de Me DS Bah, un des avocats de la partie civile. Pendant plusieurs minutes, l’avocat a tenté de prouver la culpabilité des accusés, plaidant qu’ils étaient coupables de crimes contre l’humanité.
Au terme de son intervention, il a évoqué la volonté des victimes et/ou des parents de victimes qui ont témoigné devant la cour, de recevoir réparation pour les dommages subis.
« On s’est posé de multiples questions : Comment réparer un préjudice aussi immense ? Comment rétablir une victime qui a perdu quelqu’un ? Comment réparer une victime de viol qui a été souillée ? Comment réparer un dommage psychologique qui atteint la dignité d’une personne ? Comment dédommager une femme qui a perdu son mari ? Il est impossible, monsieur le président », a-t-il souligné.
Il a ensuite précisé : « Nous réclamons des sommes non pas parce que nous échangeons notre dignité ou notre âme, mais parce que c’est la loi qui nous le confère.
Au regard de ce qui précède, nous vous demandons de bien vouloir retenir les accusés dans les liens de culpabilité pour crime contre l’humanité pour les infractions commises au cours des événements du 28 septembre 2009. Pour la réparation, recevoir Oury Baillo et 700 autres personnes, la FIDH, l’OGDH, toutes les parties civiles, et condamner les accusés au paiement des montants suivants : pour les ayants droit des morts et des disparus, 3 milliards de FG par victime ; pour les femmes victimes de viol, au nombre de 135 recensées, 2 milliards de FG par victime ; pour ceux qui sont victimes de coups et blessures volontaires, au nombre de 50, 1 milliard 500 millions de FG par personne ; pour les victimes de tortures, au nombre de 7, 2 milliards de FG par personne ; pour les victimes de pillages, au nombre de 13, 1 milliard de FG par personne », a-t-il laissé entendre.
Cette demande de la partie civile reflet-elle l’ampleur des souffrances endurées par les victimes des événements tragiques du 28 septembre 2009 ? La cour est désormais confrontée à la difficile tâche de rendre justice à ces victimes tout en tenant compte des énormes sommes demandées pour la réparation des préjudices. Les décisions prises dans ce procès auront des répercussions importantes sur la reconnaissance des souffrances des victimes et sur l’avenir de la justice en Guinée.
Fodé Camara pour avenirguinee.org