Selon des données du ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, environ 60% de la population en majorité des jeunes est au chômage ou au sous emploi. Chaque année, des institutions d’enseignement supérieur déversent sur le marché d’emploi des milliers de jeunes. Le gouvernement guinéen en manque d’approches concrètes peine à régler la problématique liée au chômage dans un pays riche en mines, mais aussi propice à l’agriculture.
Samedi prochain, le jeune formateur et entrepreneur, Amadou Kourouma, par ailleurs Directeur Général Amafo Guinée, sera en face de plusieurs jeunes pour faire un exposé sur la problématique de l’employabilité en Guinée. C’est une initiative de l’ONG JESPE.
À quelques jours de ce rendez-vous, il a abordé mercredi ce sujet crucial avec un journaliste d’avenirguinee.org au siège de son entreprise sis dans la commune de Kaloum, centre administratif et des affaires du pays.
Avec pour mission » aider la jeunesse guinéenne à être indépendante et à la montrer le meilleur chemin de la création de l’emploi », Amadou Kourouma a confié que : » On va essayer d’expliquer à la jeunesse que la situation de l’employabilité aujourd’hui dans notre pays est dûe à l’inadaptation entre ce que nous avons comme qualification et ce qui se trouve sur le terrain », dit-il à l’entame de sa prise de parole.
Et de détailler, » il faut comprendre que dans un pays comme la Guinée, qui n’a pas plus 10 banques, si ce pays forme plus de 2000, 3000, 4000 banquiers par an, on fait quoi avec ça ? Dans un pays comme la Guinée qui, dans son administration, n’a que 100.000 administrateurs, et si ce pays forme chaque année plus de 2000, 3000 et 5000 administrateurs, on fait quoi avec ça ? Dans un pays comme la Guinée, qui n’a que 14.000.000 d’habitants mais qui forme plus de 2000, 3000 sociologues, on fait quoi avec ça », s’interroge le formateur.
Pour lui, le paradoxe est que : » dans un pays comme la Guinée, qui est potentiellement riche en agriculture, mais qui n’a même pas 1000 à 2000 agronomes par an, ce qu’il y a un problème. Dans un pays comme la Guinée, qui est classé comme exportateur de bauxite mais qui, pour ses mains d’œuvres industrielles, est obligé d’aller au Nigeria, d’aller au Maroc pour aller chercher, ce qu’il y a un problème », poursuit-il.
Amadou Kourouma pense que pour éviter le chômage, les jeunes doivent faire le choix des écoles professionnelles pour y apprendre des métiers. À l’ en croire, » la Guinée est un pays où rien n’est fait, à commencer par la capitale jusqu’à la dernière préfecture, aucune ville n’est construite de façon moderne comme une ville de 21eme siècle. Mais, c’est un pays qui manque de maçons, d’électriciens, de plombiers. Les jeunes doivent aller vers ces différentes filières », estime-t-il.
Par contre, regrette l’entrepreneur, » tout le monde veut être bureaucrate, tout le monde veut aller à l’université, tout le monde pense que c’est l’université qui donne la clé du bonheur, la clé du succès ».
C’est pourquoi, M. Kourouma trouve qu’il y a un devoir, celui » d’informer, de sensibiliser et de former cette jeunesse pour la montrer qu’ aujourd’hui qu’il y a la possibilité d’employabilité et d’emploi dans notre pays, il y a possibilité de création d’entreprises dans notre pays. Il faut faire comprendre à la jeunesse que c’est possible de créer, d’être un leader, un entrepreneur. Oui, on peut avoir son job de rêve mais, il faut une formation adéquate », insiste-t-il.
Et d’ajouter, » Il faut montrer à cette jeunesse que ce n’est pas seulement parce qu’on a fait l’université qu’on doit nous déterminer, c’est la fin qui compte. Qu’est-ce qui peut être possible pour vous? Qu’est ce que vous pouvez changer le cours de votre nation ? Si vous pensez que la maçonnerie peut vous passionner, il y a beaucoup d’écoles professionnelles aujourd’hui. Au lieu de passer 2 ans, 3 ans en train de faire le thé, au lieu de dire à un DG » je veux juste travailler même si tu ne me paye pas, je vais venir uniquement dans ton bureau », je pense que tu peux, parce que c’est l’Etat qui prend tout en compte. Pourquoi encore ne pas aller te réinscrire dans ces écoles professionnelles pour devenir ton propre maître deux ans ou 3 ans plus tard ? c’est possible », déclare le DG de l’entreprise AMAFO GUINEE.
En termes de responsabilité, il pointe du doigt les autorités publiques en première position, ensuite il interpelle la population.
» La faute se situe à des niveaux différents: D’abord, quand vous prenez l’Etat, nous sommes maintenus dans un système éducatif qui n’a que trop duré et qui n’apporte rien à notre pays. Je crois qu’il faut changer ce système éducatif maintenant. C’est le même système que nos grands pères ont vu, nous-mêmes et nos enfants sont en train d’étudier, il faut changer .
À la population : » la légalité d’un État ne vient qu’à la décision de sa population, la légitimité d’un État ne peut être confirmée qu’à la décision de la jeunesse. Si la jeunesse dit aujourd’hui » nous pensons que notre avenir se trouve dans les écoles professionnelles », vous verrez que l’État va mettre assez de moyens dans les écoles professionnelles pour former sa jeunesse, pour construire son État. Mais, aussi longtemps que cette jeunesse n’aura pas compris que ce que nous sommes en train de faire, ça ne peut pas nous aider, ça ne peut pas développer notre pays, je crois que nous serons toujours là », prévient-il.
À suivre…
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org