Cette fois, il n’y a pas vraiment eu de suspense. Il y a deux semaines, Recep Tayyip Erdogan avait dû attendre 1 heure du matin pour apparaître devant ses partisans. Dimanche, à l’issue du second tour de la présidentielle, il a pu célébrer sa victoire à 20 heures, avant la tombée de la nuit, poussant la chansonnette, perché sur le toit d’un bus. Une foule de supporters agitait des drapeaux turcs et se massait dans l’enceinte de son palais, sur les hauteurs d’Ankara. « Bye bye Monsieur Kemal » a-t-il lancé.
L’écart en faveur du président sortant, après le premier tour de cette élection, s’est avéré impossible à combler pour son adversaire, Kemal Kiliçdaroglu. Les résultats du 14 mai n’ont guère évolué ce dimanche et Recep Tayyip Erdogan maintient une avance d’environ 2,5 millions de voix. Il arrive en tête dans plus de 50 provinces sur 82. Il obtient 52 %, contre près de 48 % à son adversaire.
Les mains libres jusqu’en 2028
Les votes qui étaient allés en faveur de Sinan Ogan, le candidat ultranationaliste du premier tour, se sont dispersés entre les deux prétendants, sans jouer de rôle décisif. Le principal opposant à Erdogan avait pourtant durci son discours dans l’entre-deux tours contre les migrants syriens, promettant de les renvoyer dans leur pays dans les deux mois qui suivraient son élection. Mais dans ces deux semaines de campagne de second tour, l’opposition aura eu du mal à faire abstraction de ses divisions et de l’incohérence de son projet. En face, Erdogan a rassuré et s’est montré sûr de lui.
Le taux de participation, d’environ 85 % sur le plan national, est en recul de trois à six points selon les régions, celles de l’Est, à majorité kurde, étant celles qui se sont le plus abstenues. Quelques voix qui, au final, manquent à l’opposition.
Cette élection confirme la totale maîtrise du processus électoral par Erdogan, malgré un contexte défavorable. Ni la profonde crise économique vécue par les foyers turcs, ni les effets de la catastrophe sismique de février, n’ont empêché le « reis » de remporter une nouvelle victoire, tout en préservant l’apparence d’une élection démocratique.
« Nous avons ouvert les portes du Siècle turc (…) Personne ne peut regarder notre nation de haut », a déclaré Erdogan. Il a désormais les mains libres pour gouverner jusqu’en 2028. Et pour remporter de nouvelles élections. « Demain, c’est 2024. Etes-vous prêts à remporter les élections locales à Istanbul ? », a lancé le président à ses troupes. Ils sont prêts.
Avec lepoint.fr