Depuis près de trois semaines, le gouvernement et la chambre de commerce ont signé un protocole d’accord sur le plafonnement des nouveaux prix des denrées alimentaires en Guinée. Quelles sont les raisons de cette augmentation. Quelle réaction fait-il de l’annonce de grève du mouvement syndical ?
Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction ce jeudi 16 février, [dont nous publions une partie], le Directeur National du Commerce Intérieur et de la Concurrence, Emille Youmbouno a tenté de fournir des éclaircissements sur ces nouveaux prix critiqués par de nombreux observateurs nationaux.
Monsieur le directeur, le mouvement syndical guinéen menace d’aller en grève dès la semaine prochaine. Dans leur plateforme de revendication, les syndicalistes demandent notamment une baisse des prix des denrées alimentaires. Comment suivez-vous cette actualité ?
Nous sommes effectivement au courant de cette plate-forme revendicative qui porte principalement sur plusieurs aspects ayant un impact sur la vie quotidienne et les activités de la population. En ce qui concerne les acteurs du commerce, au niveau du ministère du commerce, nous entretenons déjà de bonnes relations avec la chambre de commerce, de l’industrie et de l’artisanat de Guinée. Il est important de souligner que tout ce qui concerne les revendications visant à paralyser des activités sans lien direct avec le commerce n’est généralement pas pris en compte. Leurs activités sont en effet plus liées à la conjoncture internationale et à la situation économique mondiale, étant donné que la plupart des produits qu’ils commercialisent sont importés, notamment la farine de blé, les oignons, la viande, les poulets entiers, etc. Nous sommes donc davantage préoccupés par la situation internationale et nous nous efforçons de garantir que les Guinéens ne souffrent pas de pénuries alimentaires.
Face à cette menace un tout peu inquiétante, que dites-vous pour rassurer les citoyens ?
Je saisis cette occasion pour rassurer les Guinéens que le gouvernement déploie des efforts continus pour éviter toute rupture d’approvisionnement, et nous veillons à ce que ces imprévus ne conduisent pas à une situation critique.
Comment vous comprenez cette démarche du mouvement syndical dans un contexte actuel de transition ?
C’est une interprétation que chacun fait de cette situation. Je ne parlerais pas d’augmentation, car la préoccupation des syndicats concernant les denrées alimentaires est également la nôtre. Elle concerne des millions de consommateurs guinéens qui souhaitent des prix aussi bas que possible et des produits accessibles. Vous savez, le plafonnement des prix sur ces produits concerne sept produits spécifiques. Personne ne vous dira que le prix de l’huile a augmenté, même s’il a baissé, mais cela n’est pas mentionné. Personne ne vous dira que le prix de la farine n’a pas changé, personne ne vous dira que le prix du kilogramme de viande à Conakry n’a pas changé. Le plafonnement concerne le riz, et c’est vrai. La conjoncture internationale actuelle a entraîné une augmentation considérable du prix du riz sur le marché international, ce qui a limité la marge de manœuvre de l’État. C’est pourquoi l’État a consenti d’autres sacrifices pour éviter une augmentation totale des prix. Sinon, nous pourrions négocier un sac de riz à 500 000 GNF. C’est ce que les gens ne réalisent pas. Nous sommes confrontés à des réalités que nous ne contrôlons pas, comme la crise sécuritaire entre Israël et la Bande de Gaza, qui a également influencé ces aspects. Malgré tout, l’État a pris des mesures pour atténuer l’impact de cette augmentation sur les ménages. Le syndicat joue son rôle, mais peut-être aurions-nous pu poser la question de savoir pourquoi ces mesures sont nécessaires. Nous sommes aussi des consommateurs, et notre souhait est également d’acheter à des prix abordables. Nous sommes tous concernés par cette question. Le problème de plafonnement ne concerne que le riz, car il est devenu crucial. Ce que nous avons fait, c’est redoubler d’efforts pour éviter les pénuries de riz, car si le riz venait à manquer, que se passerait-il ? Donc, il vaut mieux avoir ces produits à prix plafonné actuellement que de se retrouver sans produits du tout. Cela éviterait une catastrophe. Nous prenons des mesures, nous sommes conscients des difficultés auxquelles sont confrontés les consommateurs guinéens, et nous espérons que les Guinéens comprendront que notre rôle est de maintenir un équilibre pour satisfaire toutes les parties concernées.
À suivre…
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org