Dans la soirée du lundi 21 octobre, la gouverneure de la ville de Conakry, la générale à la retraite M’Mah Hawa Sylla, a annoncé la nomination des membres des conseils de quartier des treize communes de la capitale. Mais comment cette décision est-elle perçue par la classe politique ? Pour répondre à cette question, nous avons interviewé, ce mercredi, Dr Ibrahima Sory Diallo, président de l’ADC/BOC.
Dans son intervention, Dr Ibrahima Sory Diallo a exprimé son point de vue en ces termes :
« Il faut rappeler que nous ne sommes pas dans une période normale où il y a un président élu. Lorsqu’un coup d’État survient dans un pays, on fait tomber le gouvernement, le parlement, et cela devrait automatiquement entraîner le changement à tous les niveaux, y compris celui des mairies. Ce processus aurait dû être entamé depuis deux ans. On se demande d’ailleurs pourquoi cela a tardé. Il est nécessaire de mettre en place de nouvelles personnes qui observent la neutralité. Lorsqu’on s’oriente vers des élections, il est évident que les responsables des quartiers et autres sont majoritairement affiliés au RPG Arc-en-ciel ou à l’UFDG. C’est pour cette raison qu’il est important de renouveler ces postes afin d’assurer une configuration plus équitable et représentative pour l’ensemble de la communauté.
Lorsqu’on arrive aux élections et qu’on constate que les chefs de quartier et les présidents de districts ont été désignés par un parti politique, cela pose des problèmes. Il est donc essentiel que cette disposition soit respectée par tout le monde. Certains estiment que c’est un recul de la démocratie, mais même un coup d’État est en lui-même un recul de la démocratie. On ne peut pas faire comme si nous étions dans un état de normalité. Nous sommes sous un régime d’exception dirigé par le Général Doumbouya. Puisqu’il a dissous le gouvernement et le parlement, il est normal qu’il procède également à la révision des conseils de quartier.
Si aujourd’hui le Général décide de remplacer les chefs de quartier, cela s’impose, car il a pris le pouvoir par la force, et non de manière démocratique. Il ne s’agit donc pas de lui imposer les principes démocratiques. Pour l’instant, nous sommes dans une phase de transition, et ce qui importe est de retourner à l’ordre constitutionnel. Tout ce qui peut nous y conduire doit être mis en œuvre, y compris la mise en place de nouvelles institutions et de personnalités dont l’intégrité ne sera remise en question à aucun niveau, que ce soit au sein des quartiers, des districts ou même des secteurs.
Si nous devons aller vers des élections, il ne serait pas juste que ce soient des responsables affiliés au RPG ou à l’UFDG qui continuent de contrôler les quartiers et les districts. Nous ne sommes donc pas opposés à cette décision, bien au contraire. Elle a même pris du retard », a-t-il conclu.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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