Ce mardi, Ibrahima Kalil Kaba, Président de Karfamoriah FC, club évoluant en D2 guinéenne, nous a reçus à son bureau situé à Boulbinet. L’objectif était d’évoquer l’aventure de son club en Championnat National de Ligue 2, tout en abordant d’autres actualités sportives du football guinéen. Au micro de la rédaction, Ibrahima Kalil Kaba s’est exprimé sur le parcours de Karfamoriah Football Club, avant de se prononcer sur les sujets brûlants de la Féguifoot (FGF).
D’emblée, Ibrahima Kalil Kaba a exprimé sa confiance quant à l’avenir de son club en difficulté : « Les aléas d’un championnat sont rudes. Il faut être préparé mentalement, physiquement, et émotionnellement. C’est vrai, la reprise n’est pas aussi facile qu’on l’aurait espéré. Mais cela fait partie de l’exercice. Nous en sommes à notre 4e saison en Ligue 2 ; c’est un moment d’apprentissage et de compétition. La saison n’est pas finie, il va falloir se battre contre des équipes aguerries. »
Poursuivant, le président a affirmé vouloir aller au bout de l’objectif, malgré les complications : « Tous les clubs en Ligue 2 sont candidats à la Ligue 1. Si nous sommes en Ligue 2 sans volonté de monter en Ligue 1, il y a un problème d’ambition. Mais encore une fois, les compétitions sont rudes ; nous faisons face à des équipes très bonnes. Cela fait partie de l’exercice, un processus continu d’amélioration de nos équipes, de l’encadrement, et de tout ce qui est lié au climat et au contexte dans lequel nous jouons. Vous n’êtes pas sans savoir que nous sommes en pleine saison des pluies. Les terrains ne sont pas les plus praticables, mais cela fait aussi partie des adversités que nous rencontrons. Pour être champion, il faut surmonter toutes ces adversités. Nous y sommes, ce n’est pas fini encore, nous allons nous battre. »
Interrogé sur ses ambitions, Kalil Kaba a répondu : « Si nous avons joué les nationales, maintenant en Ligue 2, c’est vrai. Les ambitions ne changent pas d’année en année. Notre ambition est toujours de rejoindre l’élite. Cependant, les conditions d’accès à l’élite du football guinéen se durcissent cette année. Les équipes de jeunes vont commencer à jouer leur propre championnat. Il ne suffit pas de dire qu’on veut rejoindre l’élite ; il faut être prêt avec des critères sportifs, administratifs, juridiques et financiers pour intégrer la Ligue 1. La charge sera encore plus importante pour toutes les équipes en Ligue 1, y compris pour le football féminin, dont les critères seront imposés à toutes les équipes de Ligue 1. »
Sur la même lancée, le président a lancé un appel aux supporters : « Nous avons peut-être les meilleurs supporters du pays. Nous partageons le stade M’balou Mady Diakité de Kankan avec le Milo FC. Vous avez vu ce que Milo a accompli en Ligue 1 de façon historique cette année. Aux supporters, je demande de continuer à venir au stade pour soutenir leur équipe. C’est vrai que les résultats ne sont pas à la hauteur de nos attentes, mais c’est le football. Nous continuons à nous battre pour que l’équipe retrouve l’élite du football guinéen. »
À propos de Kaba Diawara, qui a quitté la tête du Syli National, le président de Karfamoriah FC a déclaré : « Le métier d’entraîneur est très contraignant. On juge les entraîneurs principalement sur les résultats. Certains résultats sportifs ont été bons, d’autres moins bons. Il revient au comité exécutif de la Féguifoot d’évaluer les performances d’un entraîneur en fonction du contrat et des objectifs qui lui ont été assignés. Si le Comex actuel a décidé de faire venir un nouvel entraîneur pour insuffler un souffle nouveau, il faut l’accepter. Nous avons suivi le départ de Kaba Diawara ; nous le remercions en tant qu’acteur du football. J’étais un de ses fans et c’est un ancien international qui a servi le pays. Il a fait de son mieux. Nous espérons que ceux qui viendront feront mieux que lui, car c’est l’objectif. »
Ibrahima Kalil Kaba, après les deux années de gestion de Kaba Diawara, a révélé ce qu’il en retient : « À titre personnel, c’est l’injection de nombreux jeunes binationaux que je retiens. Nous avons eu des résultats sportifs, notamment lors de la dernière CAN, où nous avons pu nous qualifier pour un match à qualification directe. Cependant, la réalité est que nous sommes dans une crise de résultats sportifs depuis presque quarante ans maintenant. Depuis que le Horoya AC de Conakry a été champion d’Afrique en 1978, aucune de nos équipes n’a remporté de coupe. Il y a un travail de moyen et long terme à faire, et il faut le faire avec sérénité et vision. Nous espérons que ceux qui dirigent le football guinéen aujourd’hui s’inscriront dans cette logique. »
S’agissant du directoire transitoire, Kalil Kaba a exprimé sa méfiance en attendant de voir la suite : « Je ne veux pas trop m’avancer. Je n’ai pas participé aux délibérations. J’ai lu le communiqué comme vous. Ce que j’ai compris, c’est qu’il s’agit d’une proposition transitoire jusqu’au mois de novembre. Je pense que cela pourrait permettre de lancer un processus formel de recrutement de personnel. Je ne sais pas. Mais, si c’est bien cela la démarche, il va falloir attendre que ce processus aboutisse pour pouvoir se prononcer. »
Acteur du football guinéen, le président de Karfamoriah a profité de l’occasion pour lancer un message : « Moi, je suis un fan de football. Aux supporters qui prennent leur temps pour venir suivre nos équipes dans les différents stades, c’est toujours très réconfortant de savoir que malgré la présence du football d’élite à la télévision, beaucoup de supporters se déplacent pour soutenir leur équipe. C’est toujours réconfortant pour nous, présidents de clubs. »
Il a ajouté : « À mes collègues propriétaires de clubs et encadreurs, nous avons vu ce qui s’est passé vers la fin du championnat guinéen. Nous avons vu des stades remplis à Conakry et à Kankan. Les gens viennent au stade si le spectacle y est. Mais, si nous n’avons pas de qualité dans ce que nous faisons en matière de football, nous ne pouvons pas blâmer les supporters de ne pas venir au stade. Aux acteurs du football, nous n’avons pas le temps pour des querelles. Il y a eu des élections, des gens ont gagné. Ils doivent se mettre d’accord sur tout ce qu’ils ont promis, qu’il s’agisse de transparence, de bonne gouvernance ou de construction d’une famille sportive dédiée aux résultats. »
Alsény Savané pour avenirguinee.org
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