Suite à un décret diffusé à la télévision nationale, le ministre de l’Administration du Territoire et de la décentralisation a finalisé la mise en place des délégations spéciales dans la zone de Conakry. Tous les présidents des délégations spéciales ont été nommés ainsi que leurs conseillers.
Comment cette décision a-t-elle été perçue par les forces sociales de Guinée ? Quelles sont leurs attentes vis-à-vis de ces délégations spéciales ? Ce sont des questions que nous avons posées lors d’une interview exclusive ce mardi à Aboubacar Biro Barry, membre des forces sociales de Guinée.
« Nous percevons cet acte comme une déviation par rapport au chronogramme de la transition, une perte de temps qui donne raison à ceux qui pensent qu’il n’y aura pas d’élections en 2024, voire au-delà. Le découpage territorial et la création de ces nouvelles entités, même si elles ne durent que 24 mois, ne doivent pas porter préjudice à l’État. Des ajustements infrastructurels, financiers et matériels sont nécessaires. Aucune de ces communes ne dispose de locaux ni de personnel. Il est également nécessaire de fournir une aide humaine à travers les services déconcentrés. Combien de temps cela prendra-t-il ? Ce qui est préoccupant, c’est que nous semblons nous diriger vers tout sauf une transition vers le retour à l’ordre constitutionnel. C’est extrêmement grave. J’avais un peu d’espoir en voyant la sélection des entités appelées à participer aux délégations spéciales. Théoriquement, c’était bien pensé, mais en réalité, cela s’est révélé être principalement du copinage et des recommandations, parfois même en violation des lois. Des fonctionnaires du ministère de l’Administration du Territoire sont présents dans certaines structures, alors qu’il est interdit à ces fonctionnaires d’appartenir à une structure décentralisée. Nous dénoncerons ces cas en temps voulu. C’est devenu extrêmement préoccupant et cela conforte ceux qui pensent que le retour à l’ordre constitutionnel n’est pas pour demain », dit-il.
Concernant les attentes concernant ces délégations, il exprime : « Nos attentes se résument essentiellement au respect du calendrier. C’est très dommage, car à un moment donné, nous avons considéré Mamadi comme une opportunité, car il a libéré les Guinéens lorsqu’ils étaient vraiment dans une impasse. Il a pris des engagements en affirmant qu’il ne serait pas candidat, qu’il n’avait pas de candidat. C’est important. L’engagement signé avec la CEDEAO le 31 janvier 2024 pour céder le pouvoir est rassurant. Il a affirmé qu’il ne dépasserait pas une minute des 24 mois. Nous cherchons aujourd’hui à le soutenir dans cette direction. Nous devons aider Mamadi à respecter cet engagement. Ne pas respecter cet engagement, c’est risquer des conséquences imprévisibles. C’est pourquoi je lui déconseille d’aller dans cette voie ».
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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