Après sa démission du gouvernement de Kassory Fofana, sous le régime du président Alpha Condé, l’ancien ministre de la justice Cheick Sacko, sort finalement du bois. Celui qui a quitté le navire du PRAC pour des raisons du 3ème mandat s’est enfin exprimé sur des questions de l’actualité politique et judiciaire de notre pays.
Invité ce jeudi, dans l’émission les ‘’GG’’ de la radio Espace FM, l’ancien garde des sceaux a, tout d’abord, évoqué les dessous de son départ du gouvernement précédent, bien au-delà de ce qui a été évoqué dans sa lettre de démission.
Dans la foulée, cet avocat au barreau de Marseille (France), a évoqué la création de la cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), par les nouvelles autorités de la transition. Pour lui, bien que l’acte soit régi d’une bonne volonté, quelques anomalies sont décelables.
« L’ordonnance qui a créé cette CRIEF sur proposition du président de la transition et celle de l’ancienne garde sceaux à l’époque (Mme Yarie), comporte beaucoup d’insuffisances en création dans le domaine technique. Il vous souviendra que c’est un petit groupe qui s’est réuni autour de madame la ministre pour créer le contenu de cette cour et sans associer d’autres juristes en Guinée ; c’est un peu dommage. Donc, il y a quelques insuffisances. Par exemple, la chambre de l’instruction doit statuer en collégialité en matière de liberté, c’est-à-dire mettre quelqu’un en détention ou le libérer, c’est très important. Mais, il y a une disposition qui permet au président du contrôle de la chambre de statuer seul ; ce qui pose quand-même quelques problèmes », relève Me Cheick Sacko.
Et de poursuivre : « Je sais qu’au parquet spécial, il n’y a que trois magistrats : le procureur Aly et deux substituts. Je connais tous ces magistrats, j’ai contribué à leurs formations, ce sont des magistrats de qualité. Mais, ils ne peuvent pas faire l’impossible, je pense que trois magistrats c’est insuffisant ».
La question des interpellations et celle de comparutions, Me Sacko souhaite que le parquet spécial mette l’accent sur le respect procédural. Déjà, lui semble-t-il, la CRIEF fait du bon travail.
« Je pense que ce qui est important, c’est le respect de la procédure, le respect de la présomption d’innocence, le respect du droit de la défense. Mais, subséquemment, il faut lutter contre l’impunité et la corruption dans ce pays. Je pense que personne ne s’oppose à ça. Alors la CRIEF, me semble-t-il, fait un bon travail, mais il faut attendre la piste, il ne faut pas jeter la pierre sur les magistrats de la CRIEF… En Guinée, il faut savoir ce qu’on veut. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. On ne peut pas vouloir une justice indépendante et libre et en même temps taper sur cette justice », indique-t-il.
Par ailleurs, il invite les magistrats de la CRIEF au sérieux dans l’exercice de la mission qui leur est assignée auprès de cette cour spéciale de justice. Ce, pour toucher au but escompté.
« Je demande surtout un sérieux des magistrats dans le traitement de ces dossiers, de façon impartiale en respectant les actes de procédure, la présomption d’innocence, et surtout l’absence de l’émission de l’exécutif dans le judiciaire », a conclu Me Cheick Sacko.
Ibrahima Sory SYLLA et Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org