C’est ainsi que se présentent actuellement les quartiers de Conakry. Les populations traversent une période difficile pendant ce mois de Ramadan et de carême chrétien : manque d’eau, d’électricité et augmentation des prix des denrées de première nécessité qui impactent durement la vie quotidienne.
Dans une interview accordée à notre rédaction ce jeudi, la présidente d’un parti politique, Thierno Diaraye Barry, a vivement déploré cette situation.
« C’est vraiment une triste réalité pour notre pays, qui est le Château d’Eau de l’Afrique. La Guinée devrait être un exportateur d’énergie vers nos pays voisins, étant donné toutes les richesses et les potentialités qu’elle possède. Mais aujourd’hui, c’est ce même pays qui souffre de coupures d’électricité, surtout pendant un mois sacré comme le Ramadan et le carême. Il s’agit là du minimum que nous pouvons offrir à la population. L’électricité revient à 17h et s’éteint à 7h avec une tension si faible qu’on se demande si elle existe. Dans certains quartiers, la situation est encore pire, avec des périodes sans électricité du tout. Vous payez votre facture et vous n’avez même pas droit à la lumière. C’est vraiment ahurissant ce que nous vivons en Guinée, et il en va de même pour l’eau. Les gens sont habitués à garder leurs aliments au frais, mais avec ces coupures d’électricité et cette faible tension, les aliments pourrissent dans le réfrigérateur. Avec cette chaleur accablante toute la journée et le soir, vous ne pouvez même pas obtenir de l’eau fraîche de votre réfrigérateur ».
Elle ajoute ensuite : « L’eau et l’électricité sont des éléments fondamentaux pour tout être humain. En Guinée, nous sommes privés de ces services de base, comme si nous étions dans les années 50. Il y a un manque de volonté politique dans la gestion des affaires publiques. Les dirigeants devraient servir la Guinée et non se servir ».
Quant à M. Gnatiya Mansaré, président du FONAJEP, il regrette également le manque d’eau actuel, attribuant cela à une incapacité des autorités en charge de la gestion de la Société des Eaux de Guinée à gérer efficacement ce service public, malgré les abondantes ressources naturelles dont dispose le pays.
En ce qui concerne le manque d’électricité, qui a récemment entraîné des manifestations ayant conduit à des décès, M. Mansaré souligne : « Il y a une récurrence des coupures d’électricité auxquelles les Guinéens sont confrontés actuellement, ce qui a même entraîné des manifestations et des décès à Kindia et ici, à Lambanyi. L’électricité est un élément crucial pour le fonctionnement de nombreuses activités socioéconomiques. Ces dix dernières années, la Guinée a investi massivement dans le secteur de l’électricité, mobilisant plus d’un milliard de dollars, ce qui a considérablement amélioré le service avec une disponibilité 24h/24. Cependant, depuis le départ du navire de relais électrique, la capacité de service est passée de 24h/24 à seulement 12h/24. Les conséquences de cette situation sont désastreuses pour de nombreuses petites et moyennes entreprises, qui doivent désormais compter sur des groupes électrogènes ou travailler à temps partiel, voire nocturne ».
Concernant la cherté de la vie, M. Mansaré a formulé des propositions aux autorités pour résoudre cette crise : « Au nom du FONAJEP (Forum des Jeunes des Partis Politiques), j’appelle Monsieur le Premier Ministre Bah Oury, chef du gouvernement, en concertation avec la nouvelle Ministre du Commerce et des PME, à agir avec la Chambre de Commerce pour trouver des solutions visant à partager la prospérité. Étant donné que l’on nous assure que la macroéconomie guinéenne se porte bien, nous demandons qu’un accord bipartite alternatif (État et opérateurs économiques) soit conclu pour exonérer les taxes à l’importation, ce qui permettrait de faire baisser le prix de certains produits de grande consommation afin d’alléger le fardeau des ménages en ces mois de pénitence ».
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
621269981