Dans le but de lutter efficacement et farouchement contre l’utilisation non rationnelle des produits chimiques en Guinée, le gouvernement guinéen, à travers le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, a mis en place en avril dernier une structure dénommée « Conseil National de Gestion des Produits Chimiques » (CNGPC). Cette structure a pour mission principale de fédérer toutes les parties prenantes afin de créer un cadre de concertation pour donner des avis et orientations, et formuler des recommandations sur les problématiques relatives à la gestion écologiquement rationnelle des produits chimiques.
Ce mercredi 24 janvier 2024, le conseil a tenu sa toute première session ordinaire à Conakry, qui a connu la participation massive des acteurs concernés.
Prenant la parole, le secrétaire exécutif de ce conseil, M. Bangaly Dioumessy, est revenu sur le but de la mise en place de cette structure. « Vous savez, les produits chimiques sont multisectoriels à l’utilisation. Les teinturières utilisent notamment l’industrie, les mines, l’élevage, l’agriculture, etc. Mais vous savez, sur le plan réglementaire, chaque entité se repose sur les textes d’application s’il y a une loi ou un décret. Une étude a révélé en 2002 la nécessité de coordonner cette gestion, puisque si c’est resté sectoriel, on n’arrivera pas à cerner les problématiques, surtout les risques liés à l’utilisation de ces produits chimiques. C’est là que l’étude a recommandé la mise en place d’un conseil national de gestion des produits chimiques qui va coordonner, dont les membres proviendront des différents départements ministériels. Ils deviennent directement les points focaux ou les représentants de leur ministère dans l’assemblée de ce conseil. Donc, toutes les propositions, recommandations issues de cette rencontre seront préparées et mises en œuvre lors de notre rencontre de cette journée. »
Concernant les nombreux risques liés à la gestion rationnelle des produits chimiques, le secrétaire ajoute : « Effectivement, les risques sont considérables, et malheureusement, ils ne sont pas maîtrisés par tous les secteurs d’utilisation. Nos mamans teinturières qui fabriquent les savons dans les quartiers utilisent la soude et d’autres produits chimiques comme l’acide, et malheureusement, elles ne connaissent pas les risques liés à l’utilisation. L’agriculteur qui utilise des herbicides sait que ça fait progresser son activité, il aura un bon rendement, mais il ne connaît pas le risque lié à l’utilisation des produits chimiques. Maintenant, pour vraiment intéresser toutes les parties prenantes, on a besoin de sensibiliser, éduquer, informer. Mais qui parle de sensibilisation, éducation et information, parle évidemment de réglementation. Parce que la première question qu’il va être posée, en vertu de quoi vous venez vers nous ? C’est pourquoi l’une des activités de base de ce conseil, c’est d’abord voir la réglementation sectorielle, essayer de les uniformiser puis sur le terrain les contrôler et pousser les acteurs à sensibiliser chacun dans son secteur d’utilisateur de ces produits chimiques, de stockage de l’importation, utilisation même élimination des résidus. »
Avant de boucler ses propos, M. Dioumessy a expliqué les activités prévues à cette rencontre. « Ce qui va être fait aujourd’hui, c’est la session qui va faciliter la prise de contact, se connaître et mettre en place une plate-forme de communication, présenter les textes et mettre à disposition la copie de l’arrêté et la décision nommant les membres dans ces dispositifs, fixer les attributions du Conseil et le rôle de chaque membre doit jouer au conseil », a-t-il ajouté.
Venu partager l’expérience de son ONG, Ibrahima Sory Sylla de l’ONG le Carbone Guinée a déclaré : « Si nous prenons l’impact environnemental, on a beaucoup de textes qui sont en difficultés. Du coût, comme la Guinée est un pays qui est en voie du développement, où les produits y entrent. Nous ici les normes ne sont pas respectées et la Guinée nous n’avons pas encore des capacités ici à pouvoir mesurer ici ses conséquences non seulement sur l’environnement et aussi sur la santé humaine. C’est une bonne occasion, une opportunité qui s’offre à la Guinée à travers ce Conseil National de Gestion des Produits Chimiques pour remédier ici à toutes ces situations éventuelles. Donc étant de la société civile ici nous pouvons apporter des solutions à travers des activités déjà que nous avons menées dans le passé, nos expériences mais de voir au côté de la communauté de la population qu’elles sont les besoins que nous pouvons intégrer ici dans le futur plan d’action. »
Dans son discours d’ouverture, le représentant de la ministre de l’environnement et du développement durable, M. Samba Kani Diakité, a au nom de sa ministre félicité la tenue de cette première session, qui selon lui permettra aux « La République de Guinée en plus des produits chimiques industriels et pharmaceutiques, est un pays qui utilise beaucoup d’engrais et de pesticides dans l’agriculture. Aussi, il est important de noter que le transport des substances dangereuses, leur stockage, leur utilisation et leur élimination ne sont pas totalement maîtrisés, tels que les dépôts anarchiques des substances chimiques polluantes, les mauvaises pratiques d’utilisation et d’élimination des pesticides et des engrais dégradent considérablement les milieux récepteurs (air, eau, sol) avec des conséquences néfastes sur l’environnement et la santé humaine » a-t-il rappelé.
Dans le même sillage, il a également souligné que : « Les produits chimiques, essentiels à notre vie quotidienne, à notre économie, à nos collectivités et à nos foyers, peuvent être néfastes pour l’environnement et la santé humaine en l’absence d’une gestion coordonnée et appropriée. Pour ces motifs, le Gouvernement de la Guinée dans sa politique nationale de protection de l’environnement et étant signataire de plusieurs conventions internationales sur les produits chimiques dont entre autres (la Convention de Bâle, Rotterdam, Stockholm et Minamata) à travers le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable a mis en place un Conseil National de Gestion des Produits Chimiques (CNGPC). Ce Conseil a pour mission de fédérer toutes les parties prenantes afin de créer un cadre de concertation pour donner des avis et orientations et de formuler des recommandations sur les problématiques relatives à la gestion écologiquement rationnelle des produits chimiques » déclare-t-il. Enfin, l’objectif général de la tenue de cette première session est de favoriser la synergie d’action entre les secteurs et les acteurs concernés pour réussir la gestion écologiquement rationnelle des produits chimiques. La présente rencontre permettra enfin, à vous participants, chacun dans son secteur, de prendre conscience de l’ampleur des implications des parties prenantes et partenaires technologiques et financiers en vue d’atteindre les objectifs qui lui ont été assignés. L’efficacité de cette action commune dépend largement de la synergie d’action entre les secteurs et les acteurs concernés (Gouvernement, secteur Parapublics, Privés, Société Civiles, Syndicat etc..) par la gestion des produits chimiques ». À noter que ce conseil est composé de 21 membres provenant de tous les secteurs et les ONG.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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