À travers un décret diffusé à la télévision nationale hier soir, le ministre de l’Administration du Territoire a finalisé la mise en place des délégations spéciales dans la zone de Conakry. Tous les présidents des délégations spéciales ont été nommés ainsi que leurs conseillers.
Quelles sont les attentes des acteurs de la société civile guinéenne face à cette décision ?
Aboubacar Sylla, président d’une ONG « Club des Amis du Monde » (CAM), s’est exprimé mardi au micro d’avenirguinee.org
Dans ses propos, cet activiste très renommé et engagé a souligné que ces délégations spéciales ne sont pas là pour favoriser le développement, mais simplement pour répondre à la situation actuelle : « Étant donné que nous sommes dans un régime exceptionnel, étant donné que la refondation a échoué sur son chemin, si elles parviennent à dissoudre les conseillers communaux et à mettre en place des délégations spéciales, cela ne nous surprendra pas. Maintenant, comment toutes ces structures vont-elles fonctionner ? Quand vous prenez par exemple les nouvelles communes qui sont créées, j’ai demandé à certains conseils où sont vos bureaux, ils ne les connaissent pas d’abord. Donc, cela signifie que la nomination de ces délégations spéciales ne marque pas nécessairement la fin du mandat. Parce que si ces mairies étaient en cours de mandat, je ne crois pas que le CNRD aurait dissous ces conseillers. Mais maintenant, cette décision est prise, nous verrons comment ces délégations vont fonctionner », dit-il.
Concernant leurs attentes vis-à-vis de ces délégations spéciales, le président Sylla estime que « les délégations spéciales ne sont pas là pour développer, surtout pas. C’est un paradoxe, elles sont simplement une solution temporaire, mais non pour entreprendre de grands travaux de développement. Donc, nos attentes à l’égard de ces délégations spéciales se résument à leur rôle de canalisation et de représentation de l’État, c’est tout. »
Interrogé sur la possibilité que ces délégations soient une manœuvre du CNRD pour manipuler les élections à venir, il répond : « Vous savez, la Guinée a trop souffert des problèmes électoraux. Je vous dis que quiconque triche lors des prochaines élections, il en paiera le prix. Ces délégations spéciales ne sont pas issues du peuple, elles ne peuvent donc pas influencer une élection. Parce que toutes les personnes nommées le sont par relations et désignations, et non par élections. Donc, elles ne représentent pas le peuple de Guinée, mais une entité qui est actuellement le CNRD. Elles ne sont pas l’émanation du peuple, car aucune d’entre elles n’a été mandatée par les membres de sa commune pour être conseillers ou délégués. Les Guinéens doivent donc être sereins, il y a un engagement social entre le général Mamadi Doumbouya et le peuple de Guinée pour le 31 décembre 2024, donc attendons de voir ce qu’il se passera ce soir-là à minuit. S’il est intelligent, il a pris des engagements fermes et aucune membre du CNRD ni leurs alliés ne sera candidat. Nous attendons cette date. Bien sûr, il a violé les articles de la charte, la boussole est perdue, les réformes ont été négligées, la corruption est galopante dans le pays. Donc, il ne faut pas s’attendre à de grandes choses de ces délégations spéciales, elles ne sont pas là pour le développement, ce n’est pas leur mission et elles n’ont aucun mandat du peuple. Parce que lorsque vous avez le mandat du peuple, vous demandez aux gens quels sont leurs besoins. Maintenant, ils n’ont qu’à aider le CNRD à préparer les élections à venir, c’est tout. »
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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