L’île Room, située à environ 15 kilomètres du palais Sekhoutoureyah et à proximité du centre administratif de Conakry, est un site réputé pour son attrait touristique. Mais au-delà de sa popularité auprès des visiteurs étrangers, la réalité pour ses habitants est bien plus sombre. Manque d’infrastructures essentielles, absence d’accès à l’eau potable, d’écoles et de centres de santé fonctionnels : les résidents de Room vivent dans des conditions précaires qui contrastent avec la beauté naturelle de leur île.
Notre rédaction s’est rendue ce lundi sur l’île pour recueillir les témoignages des habitants, dont le quotidien est marqué par des privations. Dès l’arrivée, après un périple d’une heure en pirogue, le constat est saisissant.
Fodé Bangoura, un habitant, a exprimé son désarroi : « Ici, nous souffrons énormément. On ne sait même pas ce qu’on a fait pour mériter un tel sort. Depuis toujours, aucun régime n’a apporté de véritables solutions à nos problèmes. »
L’unique puits, alimentant l’ensemble du village, date de 1958 et n’a pas été entretenu depuis des années. Les habitants doivent souvent se rendre jusqu’à Conakry pour ramener de l’eau en bidons. Sur le plan éducatif, l’île ne dispose que d’une école primaire de six classes, construite par la communauté elle-même. Deux enseignants, payés par les habitants, y dispensent les cours aux élèves regroupés faute de moyens. « Cela fait plus de 20 ans que j’enseigne, mais je ne suis toujours pas recruté par l’État », confie Ismaël Sylla, enseignant sur l’île, exprimant sa déception face au manque de soutien.
Le centre de santé de Room, également construit par les habitants, est fermé depuis plus d’un an, faute de personnel médical. Quant aux infrastructures de loisirs pour les jeunes, elles sont inexistantes : le terrain de football est totalement dégradé, rendant impossible l’organisation de tournois ou de simples matchs.
L’absence d’électricité est un autre problème majeur. Un groupe électrogène, autrefois en service, est en panne depuis trois ans, obligeant les résidents à dépendre de panneaux solaires individuels ou de petits générateurs pour recharger leurs téléphones. Les lampadaires, offerts par l’ancien sous-préfet Cheick Traoré, ne fonctionnent plus pour la plupart.
Momo Sylla, un habitant, témoigne : « Parmi les sept lampadaires, un seul fonctionne grâce à la réparation faite par Cheick Traoré. »
Les habitants de Room saluent les efforts de l’ancien sous-préfet Cheick Traoré, qui reste un soutien crucial malgré son départ. « Nous réclamons son retour car il nous a prouvé qu’il se soucie de cette île », affirme un habitant. Traoré a été impliqué dans plusieurs projets, dont la réparation d’un lampadaire et le lancement d’un chantier pour une maison des jeunes.
Face à cette situation désespérante, les habitants de Room lancent un appel au président Mamadi Doumbouya pour qu’il prenne en compte leur situation. « Nous sommes aussi sa population. Il doit nous aider à sortir de cet état », déclare Fodé Bangoura, en insistant sur le soutien qu’ils accordent au chef de l’État.
Ce cri de détresse des résidents de Room révèle les disparités qui persistent dans les zones périphériques, même proches de la capitale, et souligne le besoin d’une intervention rapide pour offrir à cette communauté des conditions de vie dignes.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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