Depuis 1970, El hadj Nabylaye Touré et son épouse vivent ensemble dans un quartier de Conakry. Avenirguinee.org les a rencontrés le 13 novembre dernier, à l’occasion de la Journée Internationale des Personnes âgées que l’humanité célèbre chaque année.
Le couple qui a totalisé 50 ans de vie commune s’est exprimé sur le mariage moderne, la récurrence des cas de divorce, la nécessité de la compréhension entre deux personnes, les secrets de la vie conjugale,en concluant par des conseils à l’endroit des jeunes couples.
El hadj Nabylaye Touré a commencé sa prise de parole par un rappel de son histoire avec son épouse.
« Nous nous sommes mariés en 1970, c’est Dieu qui nous a donné la paix, on ne s’est jamais bagarré. On vit en harmonie avec tous nos enfants, la dernière est à l’université. Jusqu’à présent on a pas eu un conflit pour que ma femme parte chez ces parents, jamais. Depuis qu’on s’est mariés, je ne suis jamais allé chez ses parents pour demander pardon », dit-il.
Et de poursuivre sur le mode de mariage récurrent de nos jours. Notre interlocuteur insiste qu’il faut : « se marier légalement. Il ne faut pas faire une amitié de 3 à 4 ans, ou la mettre en grossesse pour la mariée. Il ne faut pas forcer le mariage. Quand les deux parents acceptent, il faut se marier ».
Dans le même ordre d’idée, il regrette que des gens pensent qu’il faut d’abord avoir de l’argent avant de se marier.
« Beaucoup de jeunes pensent qu’il faut avoir de l’argent avant de se marier, non. Moi, j’ai marié ma femme alors qu’elle avait 16 ans. Actuellement, j’ai mes 83 ans. Ce que je peux donner comme conseil, ce n’est pas l’argent. Quand vous avez une bonne éducation, les gens peuvent vous donner leurs filles sans problème. Ils peuvent même vous assister dans votre mariage. Il n’y a pas de problème dans ça. Il faut être discipliné avec la femme et les parents de ta femme ainsi que tes parents », conseille M. Touré.
En ce qui concerne les secrets de leur vie conjugale, il partage ses expériences en ces termes : « nous nous sommes mariés en 1966. Dans un couple, il y a une question de complémentarité. Pour que le foyer soit solide, il faut que les femmes et les hommes se comprennent. En se comprenant, on se complète. Raison pour laquelle il ne faut pas oublier la coutume ancestrale comme les jeunes le font actuellement. Qu’est-ce qui fragilise le mariage actuel ? Le cola est un symbole sacré de nos ancêtres, qui est transformé en bonbons aujourd’hui. C’est pourquoi les mariages ne peuvent pas durer deux secondes. La coutume occidentale a détruit notre coutume. Une femme dans une maison est la patronne, l’homme doit savoir cela. C’est la femme qui fait tout à la maison. C’est la femme qui fait venir la foule », souligne M. Touré.
Parlant de la dote qui se chiffre actuellement à 1.000.000 de francs guinéens, ce sage compare les époques.
« Quand on se mariait, la plupart de nos mariages à l’époque étaient faits par les parents qui consultaient les familles. C’est à partir des parents que vous vous mariez. Mais, actuellement je t’aime, je t’aime, les parents n’ont aucune considération dans le mariage actuel. C’est l’oubli de la coutume ancestrale qui provoque tout ça. Il faut que les enfants aujourd’hui essayent de se mémoriser et de reprendre la coutume ancestrale. Moi, c’est 500fg que j’ai donné à ma femme comme dote et c’était symbolique. Ce n’est pas une question d’argent car, on ne peut pas acheter une femme », affirme-t-il.
Et de conclure, « c’est pour dire aux jeunes filles aujourd’hui que ce n’est pas l’argent qui fait le foyer. Il ne faut jamais dire qu’il faut un homme riche pour me marier. Il faut accepter d’abord de vivre dans la souffrance mais en considérant ton mari. C’est là que le bonheur viendra ».
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
621269981