Les assises nationales. Visiblement entre le CNRD et certains partis politiques, ce n’est plus de l’amour. Le mariage du 05 septembre semble se diriger vers le divorce. La classe politique se sent marginalisée dans la gestion de la transition. Et, pour preuve, une partie d’elle a décidé de boycotter les assises nationales qui ont été lancées ce mardi, au palais Mohamed V, par le président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya.
Dans un entretien qu’il a accordé à la rédaction d’avenirguinee.org ce mardi, le président du Parti de l’Unité pour le Renouveau ( PUR) n’est pas allé du dos de la cuillère. Louda Baldé pense que « c’est une perte de temps ».
« Nous, depuis le 5 septembre 2021, nous avons suggéré au CNRD d’ouvrir un cadre de dialogue. Parce que nous, nous avons su que la transition est purement politique ; ouvrir un cadre de dialogue avec les partis politiques. Si les forces vives demandent à dialoguer avec le pouvoir, c’est normal. C’est à eux de savoir dans quel environnement, dans quel contexte ils peuvent les recevoir. Donc, on trouve inopportune ces assises, c’est une perte de temps et d’argent dans le sens où l’ancien régime avait déjà fait quelque chose de similaire qui était même profitable, qui avait un document très solide à travers mon Seigneur Vincent Koulibaly et l’imam Mamadou Saliou Camara. Donc, en 2016, il y a eu des assises durant lesquelles ils ont raconté les faits de 1958 à 2016. Donc les refaire, c’est une perte de temps au moment où après 7 mois, on n’a toujours pas de chronogramme. Donc au parti de l’unité et du renouveau, nous trouvons cela inopportun et perte de temps et d’argent », a fait savoir ce leader politique.
Qu’en pense le secrétaire exécutif de l’Union des Forces Républicaines de Sidya Touré de ces assises nationales? joint, l’honorable Saikou Yaya Barry s’est montré sceptique à l’égard de cette démarche de la junte. Pour lui, ces assises ressemblent à une « promenade de santé » accompagnée de prises de photos. Parce que : « C’est déjà très mal orienté ».
« Nous n’avons pas pris part à ces assises nationales parce que nous estimons qu’il faut un gouvernement légitime, sorti des urnes avec des institutions fortes, pour organiser ce genre de rencontre pour permettre à tous les guinéens de se parler. Aujourd’hui, nous avons une junte qui a pris le pouvoir et qui, tête baissée, déroule un programme sans se concerter avec les autres forces vives de la nation. Nous estimons que la transition, c’est une période de consensus où toutes les forces vives de la nation doivent se retrouver autour de la table pour parler d’abord de la transition et de la manière dont la rupture a été faite et comment nous allons nous en sortir. C’est un dialogue qui sortira les étapes, les ingrédients nécessaires nous permettant de sortir honorablement d’une transition », a-t-il dit.
Ensuite, ajoute-t-il : « Un dialogue réussi permet par exemple de souligner qu’il est nécessaire qu’il y ait des assises et décline la manière dont elles devraient être faites… on ne peut pas faire les assises nationales de manière cavalière. Il faudrait bien qu’on trouve le temps, la réflexion, les hommes nécessaires, crédibles et capables de conduire cela de façon neutre, permettant aux guinéens de se dire ouf, nous sortons d’une situation qui était difficile. C’est déjà très mal orienté. Nous par exemple, c’est hier à 18h que nous avons reçu le carton d’invitation et on se demande quels sont les thèmes, le TDR. On nous dit qu’ils sont en train de les confectionner. Ça devait se faire avant même un lancement. Troisièmement, de quelle manière elles doivent être conduites à Conakry et à l’intérieur du pays. Si tout ça n’est pas connu, je dis bien c’est une promenade de santé qu’il y a eu au palais des nations et des prises de photos ».
Contrairement aux premières réactions, la vision est toute autre chez le patron du Bloc Libéral. Dr Faya Millimono, lui, n’approuve pas la démarche de ses pairs. Pour l’illustrer, il a répondu présent au palais Mohamed V. Et, il n’a pas opté pour le silence car selon, il est judicieux de ‘’conter que de se faire conter l’histoire de la Guinée ».
« Quand l’histoire d’un pays s’écrit, vous avez un choix : ou on vous la raconte ou vous participez en ajoutant votre ligne. C’est le deuxième choix que nous avons fait. Aujourd’hui en Guinée, il y a des impératifs : il y a l’impératif de l’unité, celui de la justice, de la réconciliation. Si nous voulons toutes ces choses, nous devons rester ouvert au débat. Tout ne sera jamais parfait ; mais si on vous gratte et vous dites que vous faites dos à la République, vous perdez. Vous n’écrivez pas votre ligne et malheureusement vous allez faire conter l’histoire. Nous, on ne se laisse pas conter l’histoire, nous allons la faire. Et c’est pourquoi nous sommes là ».
Ibrahima Sory SYLLA pour avenirguinee.org