Récemment, nous avons publié un article sur Hadja Mariama Condé, ingénieure en économie et transport aérien en Guinée. Aujourd’hui, elle revient sur une étape marquante de sa vie : sa rencontre avec le président Ahmed Sékou Touré, chef suprême de la Révolution, et comment cet échange a transformé son parcours.
Dans son témoignage, Mariama Condé a commencé par raconter son parcours académique : « J’ai fait mes études primaires à Conakry et dans certaines villes de l’intérieur, car mon père était fonctionnaire. J’ai obtenu mon baccalauréat au lycée Béhanzin de Dalaba en 1972, puis j’ai intégré l’Institut Polytechnique de Conakry, en option mathématiques et physique. À cette époque, j’étais la seule femme étudiante dans cette spécialité dans tout le pays », dit-elle d’entrée.
Hadja Mariama Condé explique que sa singularité en tant que seule femme en mathématiques et physique avait attiré l’attention du président Sékou Touré : « En 1973, un colloque a été organisé par le Parti-État sur la participation des étudiantes guinéennes à l’émancipation de la femme africaine. Le président a demandé la liste des étudiantes dans chaque faculté des deux instituts polytechniques de Conakry et de Kankan. Il a été surpris de constater qu’il n’y avait qu’une seule femme en mathématiques et physique : moi. »
Le président, intrigué par cette situation, a demandé au ministre de l’Éducation, camarade Mamadi Keita, de se renseigner davantage sur Mariama Condé. Le doyen de sa faculté a alors joué un rôle intermédiaire : « Le doyen m’a confié un devoir spécial à réaliser, sans me dire qu’il avait été commandité par le président. J’ai traité cet exercice sans faute. Cette évaluation s’est répétée trois fois, toujours sans que je sois au courant. Puis un jour, le doyen m’a annoncé : “Le président Ahmed Sékou Touré veut te voir.” »
Décrivant son appréhension et son excitation, Mariama Condé raconte : « J’étais terrifiée. Mon père était déjà à la retraite, je n’avais aucun lien direct avec le président. Mais vêtue de notre tenue kaki de l’institut, j’ai accompagné le doyen à la présidence. Le président nous a reçus chaleureusement. Autour de la table, il m’a posé un exercice oral : “Je veux lancer un projectile du Palais du Peuple qui atterrira à Dakar. Dis-moi combien de temps cela prendra. »
Madame Keita a répondu en utilisant des formules mathématiques complexes, expliquant le problème avec précision. Impressionné, Ahmed Sékou Touré l’a félicitée publiquement :
« Il m’a dit : “Mariama Condé, je sais maintenant que tu es compétente en classe.” Cette reconnaissance a marqué le début d’un tournant dans ma vie. À la fin de l’année scolaire, le président a demandé que je reçoive une bourse d’études pour l’Union soviétique. C’est ainsi que j’ai pu partir à l’université de l’aviation civile en URSS, où j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieure en aviation après quatre ans d’études. »
Le récit de Hadja Mariama Condé est un exemple vivant du pouvoir de la détermination et de l’importance de l’éducation. Sa rencontre à l’époque avec Ahmed Sékou Touré témoigne également de l’engagement du président à promouvoir les compétences féminines dans des domaines clés, en dépit des défis de l’époque.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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