Le 31 juillet dernier, le président du Conseil National de la Transition (CNT), en présence des diplomates accrédités en Guinée, a présenté au peuple guinéen l’avant-projet de la nouvelle constitution. Ce document, qui compte plus de 200 articles, a reconnu le français comme langue officielle du pays.
Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction ce mardi, Dr Mohamed Bintou Keita, Directeur Général de l’Institut de Recherche Linguistique Appliquée (IRLA), a salué cette initiative et formulé plusieurs recommandations au président du CNT.
« Nous soutenons fermement l’inscription de l’article 2, qui établit le français comme langue officielle tout en garantissant l’enseignement et la traduction des lois et actes officiels dans les langues nationales. Cette double approche reconnaît le rôle historique du français tout en valorisant notre riche patrimoine linguistique. Pour assurer une mise en œuvre efficace de cet article, il est crucial que l’État adopte une loi organique détaillant les modalités pratiques de l’enseignement des langues nationales, ainsi que les mécanismes de traduction et de diffusion des textes officiels dans ces langues. Cela garantirait une participation citoyenne plus inclusive et faciliterait l’accès à l’information pour tous », a-t-il déclaré.
Dr Keita a également souligné que l’interdiction de la discrimination et la promotion de l’égalité linguistique sont essentielles. Selon lui, « En tant qu’institution de recherche dédiée à la linguistique appliquée, l’IRLA soutient pleinement cet engagement contre la discrimination. Nous recommandons que la constitution aille plus loin en promouvant l’égalité linguistique, notamment dans les domaines de l’éducation, de la justice, et des services publics. Cela pourrait inclure des programmes spécifiques de formation en langues nationales pour les fonctionnaires et les agents de l’État, assurant ainsi une administration accessible et équitable pour tous les citoyens. »
Il a ensuite proposé que les huit langues nationales codifiées (Maninkakan, Sosoxui, Lomagoi, Pular, Kisiei, Kpelewoo, Oneyan et Wamey) soient explicitement reconnues dans la constitution comme langues de la République, au même titre que le français. « Cette reconnaissance formelle serait une étape importante pour la valorisation de ces langues et la promotion d’une identité nationale inclusive », a-t-il ajouté.
En ce qui concerne l’éducation et les services publics, le Directeur Général de l’Institut de Recherche Linguistique Appliquée (IRLA), a recommandé l’intégration des langues nationales dans le système éducatif dès l’école primaire et la mise en place de ressources et de supports éducatifs en langues nationales. Il a également souligné l’importance de former continuellement les fonctionnaires et les enseignants dans ces langues pour assurer leur utilisation appropriée dans tous les aspects de la vie publique.
Dr Keita a conclu en notant que l’IRLA a récemment changé de nom pour devenir l’Institut de Recherche sur le Patrimoine et la Linguistique Appliquée (IRPLA). Ce changement de nom, cependant, n’est pas encore entré en vigueur, en attendant la finalisation de sa nouvelle structuration.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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