Nous en parlions dans l’un de nos précédents articles : des émissaires des Nations Unies séjournent actuellement en Guinée pour évaluer les besoins électoraux du pays. Dans le cadre de cette mission, plusieurs coalitions politiques ont été consultées, dont l’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie (ANAD) dirigée par Cellou Dalein Diallo.
C’est Édouard Zoutomou Kpogomou, membre influent de l’ANAD, qui a pris la parole pour exprimer les préoccupations de sa coalition concernant les défis de la transition guinéenne. Il a insisté sur l’urgence de créer un climat de paix et de confiance pour permettre un dialogue véritablement constructif, affirmant que « les formations politiques sont confrontées à de nombreuses difficultés ». Selon M. Kpogomou, un dialogue crédible ne devrait pas être « une simple entente entre quelques parties, mais un échange franc et ouvert ».
Parmi les sujets abordés, M. Kpogomou a souligné l’importance pour le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) de respecter les engagements pris envers la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), notamment la fin de la transition prévue pour le 31 décembre 2024. L’homme politique a également exprimé ses inquiétudes concernant le processus électoral et l’avant-projet de constitution en discussion, soulignant l’absence de certaines « intangibilités » censées garantir la neutralité de la future constitution. L’homme politique s’interroge en effet sur la possibilité que la junte tente d’orienter ce texte dans le sens de ses intérêts.
Le représentant de l’ANAD a également dénoncé un environnement politique de plus en plus complexe, marqué par l’exil de plusieurs leaders, la fermeture de médias critiques, et une menace permanente sur des figures de l’opposition. « La confiance mutuelle, essentielle à tout dialogue, est minée par des actions qui mettent en péril la sécurité des opposants et la liberté d’expression », a-t-il affirmé.
En outre, l’ANAD a évoqué la question des disparitions inexpliquées de membres du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), soulignant le silence des autorités à ce sujet. « En Guinée, on semble admettre que les adultes peuvent disparaître sans explication, une situation inacceptable qui menace la crédibilité du processus de transition », a déclaré M. Kpogomou.
Selon lui, les Nations Unies ont pris note des préoccupations soulevées et ont reçu un mémorandum de l’ANAD détaillant ses revendications. En conclusion, M. Kpogomou a plaidé pour une solution à cette « crise multidimensionnelle » par une implication internationale accrue et un respect des aspirations démocratiques des Guinéens.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org