Abordant les questions d’actualité ce jeudi, l’ancien ministre de la sécurité, Sékou Koureissy Condé a dit être contre l’injustice et l’humiliation des cadres qui se sont battus à un moment donné pour la Guinée. Le leader du parti ARENA a laissé entendre que ‘’ nous sommes dans un État violent.’’.
Ci-dessous, un extrait de sa réaction dans l’émission Mirador de FIM FM.
“Nous sommes dans un État violent…Antonio Souaré, lorsqu’on a débarqué chez lui avec les 7 pick-ups pour enlever la garde et le jeter entre les mains de ceux qui voulaient l’abattre, je suis intervenu malgré tout. Parce qu’il y a tellement d’injustice contre les meilleurs, il y a un sentiment d’élimination contre les meilleurs ; ça ne fait pas progresser la société. Lorsque vous parlez de Kassory Fofana en l’occurrence, vous parlez de quelqu’un qui a été 1er de sa classe, vous parlez de quelqu’un qui a été au ministère de la coopération, qui a été aux grands projets : ministre du budget, ministre des finances, qui a fait beaucoup de négociations. Combien de millions de dollars il a fait rapporter à la Guinée?.
Lorsque vous parlez de Cellou Dalein Diallo, les réalisations infrastructurelles : les ponts dans le pays. Chacun de nous a un passé. A un moment donné, lorsque vous n’avez pas les preuves palpables, c’est la justice qui a les preuves palpables, aucun d’entre nous ne peut revendiquer une preuve, ça sera une dénonciation calomnieuse. C’est la preuve de la justice qui est la véritable preuve. Moi, je dis encore une fois, la justice pénale doit prendre soin de son image et de sa santé pour montrer aux guinéens que notre société ne doit pas être violente. Il faut réparer les torts.
J’ai aujourd’hui un sentiment de révolte, j’ai peur pour ce pays. Si de génération en génération, de personne en personne, nous continuons à nous abattre…on a mis des guinéens dans la fosse commune dans ce pays là ; on a pendu des guinéens dans ce pays; on a fusillé des guinéens dans les rues dans ce pays; il faut qu’on arrête ça.
Il y a des familles victimes du camp boiro, des familles victimes du 4 juillet, victimes 28 septembre; n’augmentent pas le nombre de victimes, arrêtons ça.
Je suis fondamentalement contre la corruption parce que je dis : partout où il y a la corruption, il y a les corrupteurs. Moi, je me suis donné comme modèle. Je ne suis pas riche, j’ai quitté le gouvernement de la République le 26 mars 2001, je suis allé aux États-Unis, j’avais 120 dollars. C’est pitoyable pour un ancien ministre de la sécurité. Moi je ne connais pas la richesse pour le moment, je ne l’ai pas. Mais, je n’aime pas l’injustice. Il faut un procès en bonne et due forme. Vous, vous ne pouvez pas trouver qui a raison et qui a tort. Il y a un schéma, une structure d’État qui est chargée de ça, c’est des hommes qui ont été formés pour ça, qui sont aguerris à ça, qui ont le temps. La justice pénale a pour tradition d’être lente parce qu’elle a l’obligation morale de déterminer avec certitude la culpabilité des hommes et des femmes qui se présentent à elle.
Je suis en train de dire que Kassory Fofana a été premier ministre, Cellou Dalein a été trois fois deuxième aux élections présidentielles dans ce pays. S’il y a des preuves contre lui, on va au procès, on attend le procès, on prépare le procès, on les condamne. J’ai un sentiment d’improvisation et de précipitation. Et je pense que l’État peut corriger ça.
S’il s’agit de récupérer l’argent, la prison ne fait pas récupérer l’argent. S’il s’agit de retrouver les éléments de culpabilité, ce n’est pas là privation de liberté qui va le faire; c’est de la procédure judiciaire, les enquêtes adéquates qui vont le faire. Pour le moment, on a le sentiment qu’on élimine les meilleurs, qu’on s’acharne sur les meilleurs d’entre nous. Et quelques soit leurs fautes, s’il elle sont établies, ils seront condamnés. Qu’ils soient en Guinée ou ailleurs, la justice pénale internationale peut traquer qui que ce soit et où que vous soyez. Mais, l’humiliation…”, a-t-il dit.
Décryptage Ibrahima Sory Sylla pour avenirguinee.org