Le 25 novembre marque chaque année la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes et des filles. Cette journée, d’une importance capitale, permet de mettre en lumière l’urgence de lutter contre les violences basées sur le genre et d’appeler à des actions concrètes contre les auteurs de ces actes.
À cette occasion, avenirguinee.org a rencontré Oumou Hawa Diallo, activiste et défenseure des droits des femmes et des jeunes filles en Guinée. Lors de son intervention, elle a souligné l’importance de cette journée tout en appelant l’État à jouer pleinement son rôle dans cette lutte.
« Aujourd’hui, c’est le 25 novembre, la Journée internationale de l’élimination des violences à l’égard des femmes. C’est une journée cruciale, car elle nous permet de rappeler l’urgence d’investir dans la lutte contre les violences basées sur le genre en République de Guinée. Certes, tout au long de l’année, nous intervenons sur des cas de viols, de mariages d’enfants, ou encore d’excision. Mais cette journée doit être mise à profit pour interpeller les décideurs sur la nécessité de renforcer les lois et de les appliquer rigoureusement », a déclaré Oumou Hawa Diallo.
L’activiste regrette l’absence de données récentes permettant d’évaluer l’évolution de la situation en Guinée. Elle rappelle que les dernières statistiques datent de 2018, où 95 % des jeunes filles étaient victimes d’excision et 46 % de mariages précoces.
« En 2024, nous utilisons encore les statistiques de 2018. Comment savoir si nos efforts ont porté leurs fruits ? L’État, à travers les ministères concernés, doit fournir des données actualisées pour que nous puissions mesurer l’impact de nos actions. Sans cela, nous avançons à l’aveugle », déplore-t-elle.
Revenant sur des cas récents de violence, notamment celui d’une jeune fille violée et assassinée à Kagbelen, ainsi que celui de Wanindara, Oumou Hawa Diallo s’est insurgée contre la lenteur de la justice guinéenne.
« Ces cas tragiques sont médiatisés, mais il en existe des centaines que nous recevons quotidiennement en tant qu’activistes. Le problème, c’est l’application des lois. Si une victime porte plainte et que l’affaire traîne pendant des années sans jugement, cela dissuade les autres de signaler leurs agresseurs. Nous avons un code pénal et un code de l’enfant, mais leur mise en œuvre reste défaillante. Qu’est-ce qui bloque ? Qu’est-ce qui ne bouge pas au niveau du ministère de la Justice ? », s’interroge-t-elle.
Face à ces constats, Oumou Hawa Diallo exhorte l’État guinéen à renforcer les mécanismes de lutte contre les violences basées sur le genre, à actualiser les statistiques et à garantir une justice rapide et équitable pour les victimes.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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