Le 10 décembre, la communauté internationale célèbre la Journée des droits de l’homme, une occasion de réfléchir sur les progrès accomplis dans la protection des libertés et des droits fondamentaux de chaque individu. Mais en Guinée, cette journée prend une tournure particulière. À l’occasion de cet événement, notre rédaction a rencontré un homme dont le vécu personnel témoigne des violations des droits de l’homme dans le pays.
Il s’agit d’Ibrahima Sory Dioumessy, magistrat à la retraite, ancien directeur général de la police nationale et président de l’Association des victimes de la répression de juillet 1985, suite au coup d’État du colonel Diarra Traoré. Un homme qui a payé un lourd tribut pour son engagement. En 1985, après le coup d’État du colonel Diarra Traoré, Ibrahima Sory Dioumessy et plusieurs autres citoyens ont été arrêtés lors d’une rafle nationale, sans jugement. Ils ont passé trois ans en prison avant d’être libérés par décret du Président de la République de l’époque, le Général Lansana Conté.
Lors de notre entretien, il revient sur cette période douloureuse et sur l’impact qu’elle a eu sur lui et sur les autres victimes.
« Nous avons été arrêtés après le communiqué du Conseil suprême du colonel Diarra Traoré, à travers une véritable rafle du pays. Nous avons été jetés en prison sans jugement. Nous avons passé trois ans derrière les barreaux avant d’être libérés par un décret du président Lansana Conté. C’est après cette libération que nous, les victimes innocentes, avons décidé de créer cette association pour défendre nos droits », confie-t-il.
En évoquant la célébration de la Journée Internationale des Droits de l’Homme en Guinée, Ibrahima Sory Dioumessy a exprimé son scepticisme et sa déception envers le respect des droits fondamentaux dans le pays.
« Quand vous me parlez de la Journée Internationale des Droits de l’Homme en Guinée, moi je me moque de vous. Avec l’ex-ministre Gassama Diaby, nous avons fait un travail formidable pour que les droits de l’homme soient respectés en Guinée, mais jamais ce n’a été le cas. Alors, je ne comprends pas pourquoi vous parlez de droits de l’homme en Guinée », a-t-il déclaré, visiblement déçu.
Quant à la situation de la justice en Guinée, Ibrahima Sory Dioumessy a exprimé son désenchantement face aux difficultés du système judiciaire. Il a notamment évoqué l’ex ministre de la Justice Alphonse Charles Wright, et ses espoirs déçus.
« J’avais beaucoup d’espoir avec le jeune ministre Alphonse Charles Wright. Je l’ai rencontré et nous avons discuté, mais qui l’a enlevé ce ministre ? Ce n’est pas un hasard. C’est le même système, celui-là même qui a enlevé de nombreux bons cadres en Guinée. Alors, parler des droits de l’homme en Guinée, c’est une foutaise », a-t-il ajouté, dénonçant une justice marquée par des dysfonctionnements et des entraves à l’indépendance judiciaire.
En dépit des nombreuses promesses, Ibrahima Sory Dioumessy semble avoir perdu toute confiance dans les réformes en matière de droits de l’homme et de justice en Guinée.
Ibrahima Sory Camara pour AvenirGuinee.org
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