En lieu et place d’un cadre de dialogue exclusivement politique, les autorités de la transition ont lancé, vendredi dernier, un cadre de concertation inclusif au palais Roi Mohammed V de Kaloum. Son ouverture a été donnée par le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya. Ce dernier, après ce lancement, a laissé la place au premier ministre Mohamed Béavogui qui a présidé la rencontre. Une absence importante de partis politiques et d’organisations de la société civile a été remarquée.
Pour donner du sens à cette première journée, le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation a fait un exposé sur les 10 points clés pour un retour à l’ordre constitutionnel. Par la suite, à travers des courriers, Mory Condé a demandé aux coalitions politiques, après étude de ce calendrier, de proposer un chronogramme à son département.
Pour recueillir les appréciations des leaders politiques liées à ce cadre de concertation, la rédaction d’avenirguinee.org a interrogé, lundi, 18 avril 2022, le président du parti RDIG et membre du G58.
A l’entame de son intervention, Jean Marc Telliano a d’abord tenu à faire remarquer que : « Si on doit parler honnêtement, c’est un calendrier qui va nous amener à 10 ans ou 20 ans », dit-il.
Ensuite, il souligne que « Le CNRD n’est pas là pour un développement, il est là pour la mise en place des institutions républicaines qui va continuer le boulot.
Au départ, je disais qu’ils avaient de très bons conseillers, je ne sais pas si ce sont les conseillers qui ont changé ou pas, mais aujourd’hui le pays va mal », indique l’homme politique.
S’exprimant sur le cadre de concertation, l’ancien ministre de l’agriculture rappelle que le groupe des 58 partis politiques a plutôt demandé un cadre de dialogue politique, sous les regards d’un médiateur de la CEDEAO.
« On n’a pas besoin de courrier, ce n’est pas ce que nous avons demandé. On a demandé un cadre de dialogue politique. Le cadre de concertation, c’est copains copains. Il faut se concerter avec une personne avec qui tu es d’accord. La concertation, c’est causerie. Mais nous, nous avons demandé un cadre de dialogue politique. Ce n’est pas les premiers courriers qu’ils nous ont fait parvenir…
Vous savez pourquoi il y a un climat de méfiance ? La première fois que le président du CNRD nous a reçus, il a demandé à tout le monde de faire des mémos pour leur transmettre, c’est ce qui fut fait. Il n’y a pas un parti politique qui n’a pas fait un mémo et leur transmettre. A notre grande surprise, nous avons vu une charte de transition qu’on a jeté sur la figure. Mais, comme nous pensons qu’il y une sorte de sortie en son article 77 qui dit qu’en commun accord on va voir comment modifier la charte. Nous avons accepté. La deuxième fois, le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation nous a invités. Nous sommes venus, il nous a dit que nous pouvions faire des propositions pour leur apporter. Nous avons fait aussi les mêmes propositions ; au lieu de nous inviter autour de la table pour que nous puissions discuter, on nous envoie des courriers pour nous dire encore qu’il y a un cadre de concertation, est-ce que ce n’est pas la même chose ? ce n’est pas ce que nous avons demandé. Nous avons demandé l’ouverture d’un cadre de dialogue politique. C’est-à-dire il invite la classe politique, nous nous retrouvons, nous mettons les commissions. La transition est politique, nous devons nous asseoir avec le G58, la CEDEAO, les partenaires économiques et techniques et discuter. C’est ce que nous avons demandé ».
Faisant partie des politiques qui ont applaudi au départ l’arrivée des militaires au pouvoir, après l’éviction d’Alpha Condé, Jean Mach regrette le fait qu’il n’a plus confiance à la junte. Il pense que les actes posés ne corroborent pas avec les premiers discours.
« Aujourd’hui, je n’ai plus confiance au CNRD, je vous dis cela clairement. La classe politique n’a plus confiance en eux. La crise est là et elle est plus que toutes les crises qui se sont passées en Guinée. Personne n’a le titre foncier de la Guinée, le titre foncier de la République de Guinée, c’est vous, c’est lui, c’est moi ; c’est pour notre grand père. Personne ne peut venir nous imposer un titre foncier qu’on ne connaît pas ou qu’on n’a pas connu. Est-ce que nous sommes les ennemis ? Nous sommes frères, nous devons nous retrouver pour discuter avec un arbitre international parce que maintenant il y a une crise. Ils ne peuvent pas nous demander, nous envoyer des courriers pour qu’on apporte, mais on n’a rien à apporter. S’ils veulent vraiment la quiétude dans la cité, c’est de nous inviter à un cadre de dialogue politique. Chacun donne son point de vue, le G58 est là, la CEDEAO, les Nations unies pour que nous prenions des décisions qui serviront de lois que le CNT va valider. C’est là le problème. Mais comme ça, ça ne marchera pas.
Ce n’est pas nous qui devons transmettre un chronogramme. Nous avons été clairs, nous avons dit 15 mois. Ils ont déjà fait 8 mois, ça va rester combien ? 6 mois. C’est pourquoi, nous avons demandé… nous ne voulons pas aller en affront avec le CNRD », prévient-il.
Il faut rappeler qu’à travers une déclaration distillée dans la presse, le G58 annonce des manifestations politiques après le mois de Ramadan, si toutefois le CNRD ne favorise pas la tenue d’un cadre de dialogue exclusivement politique.
Les deux Ibrahima Sory pour avenirguinee.org