Ahmed Sékou Touré. En 1984 l’honneur est revenu à la République Populaire révolutionaire de Guinée d’abriter le plus grand rendez-vous du continent Africain qu’est le sommet de l’ O.U.A maintenant appelée Union Africaine. Fidèle à sa tradition le peuple de Guinée se préparait activement pour réserver un accueil chaleureux à ses hôtes de marque qui devraient rélier Conakry à partir des quatre coins du monde. C’est dans cette ferveur des préparatifs que le monde entier fût choqué par l’annonce du décès du père de l’Indépendance Guinéenne et l’un des membres fondateurs de la même organisation. En effet, le 26 Mars 1984 Ahmed SékouTouré fût rappelé à Dieu à la suite d’une opération dans un hôpital de Cleveland, aux Etats Unis d’Amerique. Ahmed Sékou Touré qui avait, auparavent multiplié des rencontres dit-on, pour la réussite de ce grand rendez-vous Africain n’a finalement pu réaliser son rêve de présider cette rencontre par la volonté divine. Le peuple de Guinée et le reste du monde ont toutefois rendu un hommage merité à ce digne fils du continent Africain. Aujourd’hui, Ahmed Sekou Toure devrait avoir cent ans. C’est l’occasion pour moi de rendre hommage á celui qui a redonné à la Guinée sa liberté et sa dignité. En meme temps, jeter un regard sur le combat et les oeuvres gigantesques de ce panafricaniste convaincu, et les acquis de la première république qu’il a eue le privilège de diriger.
Le 2 Octobre 1958 la Guinée accède à l’indépendance sous l’impulsion d’Ahmed SékouTouré après avoir voté NON au référendum proposé par la France à ses colonies qui consistait à former une communauté avec la France, mais qui en réalité devrait les maintenir sous une domination Française. Le peuple d’Almamy Samory Touré, d’Alpha Yaya Diallo, et de Zegbela Togba qui s’était farouchement opposé à cette idée dès le début de la pénétration coloniale en Afrique en luttant pendant dix huit ans pour préserver sa dignité et sa liberté a dit NON. Non à la domination, Non à la soumission, Non au beni-oui-ouism, Non au paternalisme. Après son accession à l’indépendance, la Guinée s’est donnée comme premier objectif la réhabilitation de l’homme noir dont la dignité et la liberté ont été bafouées pendant plus d’un demi-siècle au nom d’une civilisation censée être la meilleure. C’est à juste titre d’ailleurs qu’Ahmed Sékou Touré dira que la Guinée ne sera indépendante que lorsque toute l’Afrique le sera. Pour joindre l’acte à la parole, la Guinée appuiera tous les peuples Africains dans leur lutte pour une émancipation totale. Ainsi la Guinée se retrouva sur tous les fronts aux côtés de ses frères Africains. Notamment, en Algérie, Guinée-Bissao, Angola, Mozambique sans oublier le soutien moral et matériel apportés à nos frères Sud-Africains pendant les moments durs de l’Apartheid. En guise de reconnaissance, Ahmed SékouTouré fût décoré à titre posthume au cours d’une cérémonie organisée pour la circonstance au pays de Nelson Mandela. Le NON de la Guinée avait suscité un engouement auprès des peuples opprimés en quête de liberté. Le nouvel état est devenu un lieu de protection, une source d’inspiration, une terre d’esperance en un mot. C’est pourquoi toutes les personnes opprimées, les combattants de la liberté et de la défense de l’homme noir à travers le monde passaient en Guinée pour y trouver refuge et protection. Parmi ces personnes, on pourra citer quelques noms tels que la Sud Africaine, Miriam Makéba, Stokely Carmichael ( Kwame Ture ), Amical Cabral et son mouvement de libération PAIGC dont le siège était à Conakry,le grand Che et tant d’autres.En plus de tous ces soutiens, Ahmed SékouTouré intervenait personnellement dans les conflits inter-Etats. Le conflit entre le Mali et la Haute-Volta, l’actuel Burkina Faso et la guerre Iran-Irak en sont deux parfaites illustrations. Ahmed SékouTouré n’appartient donc pas qu’à la Guinée. Il appartient à l’Afrique et à l’humanité toute entière.
Sur le plan national, malgré l’embargo économique imposé sur le jeune État pour avoir choisi de prendre son destin en main, la Guinee a mis ses institutions en place dès les premières heures de sa souveraineté nationale pour faire face aux nouvelles éxigences. L’armée guinéenne fût créée en Novembre 1958 pour protéger et défendre le territoire national. La guinée s’est également dotée d’une monnaie nationale, le “syli”. L’usine de Fria, le state du 28 Septembre, le palais du peuple, l’imprimerie nationale Patrice Lumumba,le palais des nations, la Mosquée Fayçal, la sciérie de N’Zérékoré, la plus grande d’Afrique de l’ouest de son temps sans oublier Air Guinée dont le confort et le service n’avaient rien à envier à ceux des pays occidentaux. Cette compagnie aérienne faisait la fierté de tout un peuple à des coûts abordables. Le plus pauvre des Guinéens pouvait s’offrir le luxe de voyager par avion sans souci. À ces grandes réalisations, il faut ajouter des centaines d’usines qui existaient à travers le pays et offraient du travail à des centaines de milliers de familles guinéennes. Le Guinéen ne connaissait pas le chômage car il y avait du travail pour tous. Sur le plan culturel, la Guinée était enviée des autres pays. Les ballets Africains, les ballets Djoliba, sans oublier notre légendaire orchestre, le Bembeya Jazz national qui a fait le tour du monde et a remporté de nombreux prix aux differents festivals. Sur le plan sportif, le Hafia football qui jouait par patriotisme a brillé sur tous les grands stades du continent pour le Bonheur des amoureux du cuir rond. À ces exploits footballistics s’ajoutent d’autres disciplines telles que le basketball, handball ect… Aujourd’hui, le football guinéen se meurt car le patriotisme d’antan a fait place au matérialisme. Tous ces acquis sont à l’actif du President Ahmed Sekout Toure et de ses compagnons sous la clairvoyance et le leadership de celui qu’on appelait affectuesement le Syli, c’est à dire l’éléphant en langue Soussou. Cependant, la préservation de nos richesses demeure à mes yeux la réalisation la plus importante d’Ahmed SékouTouré. Beaucoup de chefs d’Etats Africains sont morts laissant derriere eux des milliards de dollars dans des comptes bancaires en occident par pur égoïsme. Ahmed SékouTouré quant à lui, a non seulement préservé les richesses de la Guinée, mais il a parfois donné à la Guinée ce qu’il a gagné à la sueur de son front. Les chasseurs de fortunes sont unanimes à reconnaitre qu’Ahmed SékouTouré a été l’un des rares présidents Africains dont on a retrouvé aucun centime derrière. Trente huit ans après sa disparition physique toutes les accusations portées contre l’homme par ses détracteurs infatigables se sont avérées fausses, indignes, fallacieuses et diffamatoires. Ahmed SékouTouré a vecu de manière simple. Il n’a jamais bradé l’économie du pays. C’est grace à ce sens de responsabilite que la Guinée est convoitée par les plus grands investisseurs du monde aujourd’hui. Ahmed Sékou Touré a aimé et défendu l’Afrique toute sa vie.
Quand la voix de la revolution a tendu son micro au Président Felix Houphouet Boigny à son arrivée à Conakry pour les obsèques d’Ahmed Sékou Touré, il dira de lui que “ l’Afrique a perdu un grand défenseur du continent”. Oui, Ahmed Sékou Touré fût un grand défenseur des interêts Africains et surtout un garant de la paix sur le continent. Depuis 1990 l’Afrique connaît des guerres civiles et un terrorisme du jamais vus qui ont endeuillé des centaines et des milliers de familles, laissant derrière des orphelins, des veuves et des handicapés à vie. De son vivant, Ahmed SékouTouré aurait trouve des voix et moyens pour épargner le continent de la plus part de ces tragedies humaines. Doté d’une intelligence et d’une éloquence exceptionnelles, Ahmed SékouTouré savait calmer les esprits des uns et des autres dans un language Africain dont lui seul détenait le secret. Avec la disparition d’Ahmed SékouTouré, l’Afrique perd également un visionnaire. Très tôt, Kwame Nkrumah, Ahmed SékouTouré, Patrice Lumumba, et Modibo Keita et tant d’autres avaient prôné une Afrique unie, et forte, débarrassée de tout complexe face à l’Occident. Ils on été mal compris. Plus d’un demi-siècle après les Indépendances de nos pays Africains nous pouvons affirmer sans se tromper que l’histoire a donné raison à Ahmed SékouTouré et ses compagnons.
Aujoud’hui, l’unité Africaine tant prônée par ces devanciers est devenue un imperatif plus que jamais. Elle s’impose a nous. Ou nous la concretisons ou nous continuons à accepter la raison du plus fort, dans ce cas continuer à subir les injustices, et continuer à tendre la main comme d’éternels parasites. L’Afrique a tous les atouts pour faire de ce siècle celui du continent. Nous avons les ressources humaines et naturelles. Nous pouvons nous passer de l’aide occidentale si nous sommes unis. En plus du petrol, le café et le Cacao de Cote d’Ivoire, le cuivre du RDC, l’Or du Mali, Les bauxites de la Guinee sont tant de richesses qui nous permettent de conquerir le monde. On a subi toutes sortes d’humiliations parcequ’on a jamais parlé d’une même voix. On nous a torturés, malmenés, violés, nos droits ont été baffoués. Nous avons subi des siècles d’esclavage, de domination, d’exploitation. Il est temps qu’on se remette en question et qu’on trouve des solutions à nos problèmes. Il est temps qu’on se remette en cause et qu’on corrige les erreurs du passé. On a assez dansé. On a assez chanté pendant que les autres travaillaient. Maintenant on cherche à rejoinder leur “Eldorado” de l’autre côté. Pourtant l’eldorado dort en nous. L’eldorado c’est chez nous. Il suffit de se reveiller pourque l’eldorado se reveille chez nous. C’est vrai que tous nos leaders qui rêvaient d’une Afrique unie et forte ont été assassinés ou évincés du pouvoir. Mais leur rêve n’a jamais été assassiné, car ils les ont transmis à la nouvelle génération. Il appartient donc à cette génération sophistiquée, éduquée, éveillée, intelligente et tecnhiquement bien formée de transformer ce rêve en réalite. Il faut rendre hommage à nos devanciers en réalisant leur rêve de l’Unité Africaine. Ahmed Sékou Touré s’est battu toute sa vie pour voir cette Afrique unie. Mais hélas!
Ce grand homme et panafricaniste aurait eu cent ans aujourd’hui.
Ahmed SékouTouré a été un grand combattant de la liberté, un homme honnête et fervent musulman. Il a tout donné à la Guinée et à l’Afrique. À l’occasion du centenaire de ce grand homme pour qui j’ai une profonde admiration et un grand respect, j’ai voulu lui rendre hommage en écrivant ces quelques lignes pour lui dire merci. Merci pour tout ce que tu as fait pour l’Afrique que tu as tant aimée, défendue et servie contre vents et marées durant toute ta vie. Merci d’avoir donné à notre beau pays son indépendance. Merci d’avoir préservé toutes les richesses de la Guinée pour la jeunesse que tu as tant chérie et qui t’a tant aimé. Merci d’avoir achevé les oeuvres d’Almamy SamoryTouré, cet autre défenseur de la liberté et de la dignité Africaine. Merci de nous avoir appris à être fier de ce que nous sommes et de ce que nous avons. Il ya des hommes qui ont marqué l’histoire par des actes qu’ils ont eus à poser. Tu fais parti de ces hommes au même titre qu’Alpha Yaya Diallo, Dina Salifou, Kissi Kaba et Almamy SamoryTouré, et tant d’autres sur le continent Africain. Vous resterez a jamais graves dans la memoire collective des peuples libres d’Afrique que vous avez servis et aimes.
Comme l’a si bien dit un grand griot Guinéen. “Ahmed Sékou Touré est né grand. Il a vecu grand. Il est mort grand”
Papa Fonfing Donzo, New York,