La république de Guinée est un pays de paradoxe. La population croupit dans la pauvreté alors que le pays possède un potentiel économique considérable qui, judicieusement exploitée, pourrait contribuer au développement harmonieux et prospère de toute la nation.
En effet, de l’indépendance à nos jours, de nombreux régimes se sont succédé et les promesses de bien-être collectif ont enflé tous les discours politiques sans se traduire dans les faits. Désabusée, la population s’interroge sur les causes du contraste entre l’abondance des ressources naturelles et le niveau de pauvreté.
En ce 21ème siècle, le débat sur le développement se concentre encore dans le pays sur l’approvisionnement adéquat et continu en eau potable et en électricité de la capitale. Le peuple perçoit désormais ces denrées ou services publics non pas comme un droit, mais comme un cadeau que le pouvoir accorde à une population éprouvée.
Tout étranger qui atterrit dans notre pays, se pose comme première question « comment il est possible de vivre dans une capitale moderne sans adressage, sans électricité 24h/24, sans réseau de transport public, sans système de téléphonie fixe, sans eau potable et sans système d’assainissement adéquat ? ». Au fil du temps, il s’apercevra vite que la population de la capitale est bien fondue dans la débrouillardise pour répondre aux besoins plus cruciaux de nourriture et de logement.
De l’indépendance jusqu’à nos jours, les investissements publics sont restés en deçà des besoins immédiats et futurs. Pire, les choix des infrastructures à réaliser a toujours été émaillé de considérations politiques. Point de mérite pour les citoyens. Tout est cadeau du Président de la République. Cette situation a contraint les citoyens à prendre de l’avance sur l’Etat pour se doter les services sociaux de base aux qualités souvent peu acceptables.
Au cours des deux dernières décennies, nos différents Chefs d’Etat ont initié des programmes présidentiels, parallèles aux programmes du Gouvernement, pour montrer à la population que le président se soucie plus de leur sort plus que le gouvernement qu’il a lui-même mis en place. Cela a entraîné une duplication des structures étatiques, créant des inefficacités et des conflits de compétences. Il est important de rappeler que la présidence ne doit en aucun cas être une structure de gestion, mais plutôt une structure de décision et d’orientation.
Il est incompréhensible qu’il soit mis en place un gouvernement et créer une structure parallèle à la primature et à la présidence de la république. Cette configuration donne une prépotence aux conseillers et cadres relavant de la présidence sur les membres du Gouvernement.
La duplication des structures de décision et de coordination biaise la visibilité des programmes de développement. Il ne sert à rien de recruter des experts pour élaborer des plans de développement copier-coller sans un management responsable. Toute intervention « urgente » sans une étude sérieuse qui prendrait en compte les réalités du moments et les besoins à satisfaire ne produira que des bénéfices éphémères.
Les modèles importés d’ailleurs ont du mal à fonctionner dans le contexte guinéen car Il n’y a pas de schéma unique pour bâtir une nation. Chaque nation a ses propres réalités. Toutes les actions que le gouvernement doivent entreprendre doivent donc être orientées vers les besoins réels de la population.
En somme, l’immensité du potentiel économique de la Guinée est connue de tous. Cependant, pour que ce potentiel se traduise en développement pour améliorer les conditions de vie des citoyens du pays, une gestion transparente, rigoureuse et stratégique des ressources s’impose. Il est urgent de sortir des approches politiques de court terme et de mettre en place des politiques de développement sur le long terme, axées sur les besoins actuels et futurs de la population. Seule une telle approche permettra à la Guinée de réaliser son rêve de devenir une nation prospère et harmonieuse.
Abdoulaye DABO