Absent du pays depuis près d’un mois, le chef du gouvernement de transition est au centre des interrogations, alors qu’une partie de la classe politique guinéenne se demande s’il entend reprendre sa place de Premier ministre. Coulisses d’un séjour européen qui se prolonge.
Échaudé par la conduite de la transition et ses relations parfois houleuses avec Mamadi Doumbouya, le Premier ministre Mohamed Béavogui s’apprête-t-il à jeter l’éponge ? Nommé le 6 octobre dernier à son poste, l’ancien sous-secrétaire général des Nations unies à la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation) est remplacé depuis le 16 juillet à son poste. L’homme fort de Conakry, Mamadi Doumbouya, a nommé l’actuel ministre du Commerce Bernard Goumou au poste de Premier ministre par intérim.
Officiellement en déplacement en Italie pour raisons médicales, Mohamed Béavogui n’a jusqu’à présent pas donné de date de retour. Ce séjour prolongé en Europe et la nomination d’un remplaçant à son poste alimentent les rumeurs à Conakry, où de nombreux observateurs doutent de son retour en Guinée. Avant de s’envoler pour Rome, le Premier ministre guinéen avait fait savoir à ses collaborateurs et proches que son absence ne durerait que sept jours.
Contacté par Jeune Afrique, ce dernier assure que « la santé est nécessaire pour mener à bien la conduite du pays » et qu’il rentrera lorsque sa condition le lui permettra. En attendant, il séjourne en Italie, à Rome, où il tente de conserver le secret autour de son quotidien. Il n’est plus apparu en public depuis le 13 juillet, peu avant son départ de Guinée, alors qu’il participait à une cérémonie organisée par l’ambassade de France à Conakry.
Résidence italienne
Dans la capitale italienne, le Premier ministre a, selon nos informations, retrouvé un domicile qu’il connaît puisqu’il l’avait acquis alors qu’il occupait la fonction de directeur pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale du Fonds international du développement agricole, une agence onusienne basée à Rome. À l’époque, Mohamed Béavogui occupait cette maison avec sa famille, et le logement demeurait vide lorsque le futur locataire de la primature était en séjour à Conakry.
En dépit de l’argument médical avancé, plusieurs sources proches de l’intéressé assurent qu’il ne souffre d’aucune maladie grave justifiant un séjour prolongé hors de la Guinée. Ce qui ne fait qu’alimenter davantage les rumeurs. Depuis sa nomination, des frictions avec la junte au pouvoir avaient ainsi été révélées publiquement. Ses prises de position auprès de la Cedeao sur la durée de la transition avaient ainsi été désavouées par Mamadi Doumbouya, et un désaccord avait aussi émergé lorsque ce dernier avait décidé de donner à l’aéroport de Conakry le nom de Sékou Touré.
Ces conflits n’auraient officiellement pas entamé la volonté de l’ancien haut fonctionnaire international de mener à bien sa mission, assurait à l’époque un membre de son entourage.
Jeune Afrique