Alors que plusieurs partis politiques s’organisent pour protester contre une possible prolongation de la transition, la junte militaire vient de frapper là où cela fait mal. Conformément à l’accord signé avec la CEDEAO, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) est censé transférer le pouvoir au plus tard le 31 décembre prochain. Cependant, de nombreux signes indiquent que cet objectif pourrait être compromis.
Dans ce contexte de tensions, la junte a récemment pris des mesures strictes contre plusieurs formations politiques. Ce lundi soir, le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a publié un rapport d’évaluation des partis politiques en activité dans le pays. Ce rapport annonce la dissolution de 53 partis politiques et la suspension temporaire de 54 autres pour une durée de trois mois. En outre, 67 partis, dont des poids lourds de la politique guinéenne tels que le RPG Arc-en-ciel et l’UFDG, ont été placés sous observation.
Cette vague de sanctions intervient à un moment stratégique, suscitant des interrogations et des débats. Selon certains observateurs, cette décision pourrait viser à affaiblir la capacité de mobilisation des partis d’opposition, réduisant ainsi les risques de manifestations massives contre une éventuelle prolongation de la transition. D’autres, cependant, estiment qu’il s’agit d’une mesure légitime d’assainissement de l’espace politique, visant à écarter les partis peu actifs ou non conformes aux lois en vigueur.
Cette initiative pourrait également viser à rétablir une certaine crédibilité au sein du paysage politique guinéen, parfois marqué par la prolifération de partis n’ayant qu’une faible influence réelle. Pour le CNRD, cette démarche pourrait apparaître comme une façon de montrer à la communauté internationale et aux acteurs locaux qu’il reste engagé dans la mise en place de structures politiques plus solides et responsables.
Néanmoins, la mise sous observation de partis influents comme le RPG et l’UFDG, ainsi que la dissolution de nombreux autres partis, pourrait accroître les tensions avec la classe politique. Les prochains jours seront décisifs pour savoir si la publication de ce rapport vise réellement à museler l’opposition ou si elle s’inscrit dans une volonté sincère de restructuration du paysage politique guinéen.
A suivre….
Fodé Camara pour avenirguinee.org