Lundi dernier, le ministère de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation (MEPU-A) a rendu public les résultats du Brevet d’Etudes du Premier Cycle, session 2022. Sur le territoire national, ce sont au total 23 939 admis, soit un taux de réussite de 15,04% et 84,6% d’échecs. Depuis sa publication officielle, beaucoup d’acteurs de l’éducation guinéenne trouvent « catastrophique » ces résultats. Mais qu’en pense la syndicaliste Kadiatou Bah ?
Dans un entretien téléphonique qu’elle a accordé à la rédaction d’avenirguinee.org ce mardi, la secrétaire général du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée a situé les responsabilités de cet échec sur « toute la ligne ».
« Les résultats tels qu’ils sont, nous avons compris que cette fois-ci, il n’y a pas eu de tolérance par rapport aux examens. Mais dès au départ, l’annonce avait été faite pour dire qu’effectivement il n’y aura pas de tolérance à partir du moment où le ministère en charge du système éducatif a fait jurer les enseignants.
L’échec-là ne se situe pas seulement à un niveau ; ce n’est pas au niveau des enfants seulement ; tout le monde se sent responsable dans cet échec parce que les examens se préparent en amont, il ne faudrait pas attendre jusqu’à deux semaines des examens pour dire aux gens ils faut que tu sois correctes, conscients et autres », a indiqué Kadiatou Bah.
Poursuivant, elle dénonce le faible taux d’admission dans les zones rurales. A l’en croire, cet état de fait est dû au manque criard d’enseignants dans ces parties du territoire national.
» Les zones urbaines ont eu beaucoup plus d’admission que dans les zones rurales. Ça, c’est quelque chose que nous avons dénoncé en tant que syndicat de l’éducation. Parce que suite au manque criard des enseignants à l’intérieur du pays, nous avons constaté qu’effectivement tous les ans, on fait des tricheries pour que les enfants passent en classe supérieure. Ce manque criard d’enseignants, vous allez dans certaines zones de la Guinée où un seul enseignant à deux ou trois classes qu’on appelle les écoles à classe multigrade. Est-ce qu’il faut suivre les élèves en classe intermédiaire ou ceux qui sont dans les classes d’examen ? Et si l’enfant étudie en classe multigrade de la première année jusqu’en sixième année, qu’est-ce qu’il va retenir comme enseignement ? Voilà la base de l’échec de cette année.
Et quand on mute certains enseignants, vu les conditions de vie qu’ils mènent au niveau de certains de ces villages, quand ils viennent, ils font deux à trois mois ils retournent encore à Conakry ou dans les zones urbaines, ils ne vont plus aller dans ces écoles. Donc, les responsabilités sont situées de part et d’autre. L’État a une grande part de responsabilité par rapport au système puis aux statistiques », a-t-elle laissé entendre.
Et d’ajouter : » Vous regardez du côté des parents, c’est une démission totale. Au lieu qu’on ne s’intéresse pas aux enfants pour leurs études, on attend juste des résultats pour dire que ton enfant n’a pas travaillé pendant l’année scolaire. Il faudrait que les résultats de cette année qui comptent un échec et au niveau du système éducatif et au niveau des parents et au niveau des élèves, mènent à une prise de conscience pour voir réellement qu’est-ce qu’il faut faire pour ne plus rentrer dans un échec comme ça », a conclu dame Kadiatou.
Ibrahima Sory Camara /Mamadama 10 Camara pour avenirguinee.org
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