Après près de deux semaines depuis l’incendie du dépôt central d’hydrocarbures de Kaloum, au centre-ville de Conakry, les discussions sur ce drame persistent, tant chez les hommes politiques que chez les acteurs de la société civile, concernant l’emplacement de ce dépôt central, que certains estiment devoir être déplacé depuis longtemps.
Au cours d’une interview accordée à notre rédaction ce jeudi, Moussa Iboune Conté, activiste de la société civile au sein du CNOSCG, a partagé son analyse sur cette tragédie qui a coûté la vie de plusieurs compatriotes et causé d’importants dégâts matériels.
« Ce qui est arrivé à notre pays, personne ne l’a souhaité, il faut le mettre au compte du destin. Cela interpelle la marche glorieuse du peuple guinéen. Ce drame nous a permis d’évaluer le niveau de patriotisme et la persévérance de la foi de certains de nos compatriotes envers Dieu. Il est important de reconnaître que la population sinistrée de Coronthie 1, 2 et 3 est composée de citoyens braves qui ont ancré leur foi en Dieu, ne cherchant ni à justifier ni à accuser qui que ce soit pour ce qui leur est arrivé. Ils attribuent tout cela à la volonté divine, ce qui a toujours été crucial pour sauver notre pays et continue de l’être. Ces sinistrés ont fait preuve de foi en Dieu, atténuant ainsi les effets néfastes et les impacts négatifs que cet incendie aurait pu causer. Nous devons rendre hommage au courage de ces sinistrés, ainsi qu’au gouvernement, en particulier à la CEDEAO. La solidarité internationale, matérialisée par un soutien logistique, psychologique et matériel, a permis de surmonter cet incendie. Bien qu’il y ait d’autres conséquences économiques et sociales, nous pourrons les gérer. C’est le moment opportun de saluer les sapeurs-pompiers de notre pays, ainsi que ceux du Sénégal et d’autres pays, qui se sont unis pour venir à bout de cet incendie. Nous demandons aux victimes de rester dans la foi et d’avoir confiance en ce qui nous est arrivé ».
Concernant l’emplacement de ce dépôt en plein centre-ville, notre interlocuteur a souligné la responsabilité partagée de tous.
« Nous sommes tous coupables de cette situation. En tant qu’acteurs de la société civile et vous en tant que médias, nous aurions dû continuer à sensibiliser les autorités de ce pays sur la nécessité de délocaliser ce dépôt central d’hydrocarbure situé dans le quartier Coronthie, depuis l’indépendance de la Guinée jusqu’au soir du 5 septembre 2021. On ne verrait cela dans aucune ville au monde, un dépôt central cohabitant avec un quartier administratif et des zones d’habitation. Je crois que nous avons tous une part de responsabilité, même si l’État est le premier coupable. Nous sommes aussi des citoyens, des acteurs de la société civile, et c’est après les dégâts que nous disons maintenant que nous allons essayer d’aménager un nouveau dépôt central d’hydrocarbure à Moribayah, ou à Mendiana. Mais combien de morts ? Après combien de dégâts ? Toutes ces maisons, tous ces immeubles ont été ébranlés dans leurs fondements ».
Abordant ses propositions de solutions pour la prise en charge des victimes : « Aujourd’hui, il y a une prise en charge psychosociale avec l’appui de la coopération française. Je crois qu’il faudrait que ce genre d’appui se poursuive, et c’est le lieu de rendre hommage aux organisations de la société civile CNOSCG, hommes et femmes, qui se sont rendus au CNTS pour le don de sang et ont fait un don de vie aux sinistrés ».
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org, 621269981